Divisée sur la fusion des caisses de pension, la gauche devrait se rassembler pour s’opposer aux prochaines attaques de la droite.
Trois Genevois sur quatre ont accepté le 3 mars en votation de fusionner les caisses CIA et CEH dans une nouvelle institution de prévoyance de l’Etat (CPEG). A l’origine du référendum, le Syndicat des services publics (SSP) s’est dit dans un communiqué « déçu » de ce résultat. « La nouvelle loi dépossède les travailleurs du secteur public d’un contrôle sur la gestion de leur caisse de pension, les force à travailler plus longtemps, à payer plus pour des prestations de retraite fortement réduites », explique le syndicat, qui relève que « les principales victimes de cette votation sont les femmes et les bas salaires ». « Plus alarmant encore, l’acceptation de cette loi ouvre les possibilités d’un démantèlement des retraites telles que nous les connaissons. Le PLR a d’ailleurs clairement annoncé ses intentions et entend continuer de détruire les retraites du personnel du secteur public et ceci dès cet automne. » Face à cette menace et à celles planant sur le budget 2013, le SSP appelle « toutes les forces syndicales et politiques qui défendent les travailleurs » à former un « front uni ».
Une victoire de la bourgeoisie
« La victoire que la bourgeoisie genevoise a remportée lui donnera la possibilité de frapper bientôt de nouveau, et plus fort, les retraités », assure Alexander Eniline. « La campagne alarmiste et mensongère des partisans de la fusion a payé », relève le secrétaire politique du Parti du Travail. « Le soutien à cette loi par des secteurs de la gauche et des syndicats, au nom d’une politique du moindre mal, a joué un rôle problématique », souligne Pierre Vanek, secrétaire de solidaritéS. « Ce vote, et le chantage qui l’a précédé, révèle plus brutalement que jamais l’énorme escroquerie que constitue le dit système des trois piliers, que le Parti suisse du Travail avait dénoncé dès le début des années 70 », indique Alexander Eniline. « Il est plus temps que jamais de relancer une initiative populaire pour de véritables retraites populaires dans le cadre d’un système par répartition ».
Prenant acte du résultat, le Cartel intersyndical, qui soutenait la fusion, a écrit dans un communiqué que « la lutte continue », « notamment contre la volonté de la droite de supprimer le plan d’encouragement au départ à la retraite anticipé (PLEND), projet qui supprimerait de facto la possibilité de partir à la retraite avant l’âge AVS, alors que cette éventualité a été acceptée par le peuple dans le cadre de la loi sur la CPEG ». Le Cartel demande l’application stricte des mécanismes salariaux et l’octroi d’effectifs dans les nombreux services qui en ont besoin.