La gauche européenne et suisse entre émotion et reconnaissance

C’est avec beaucoup d’émotion que la gauche européenne a appris le décès de Hugo Chavez. A la fin du 20ème siècle, dans cette phase de reflux où seule Cuba résistait encore au capitalisme, le « socialisme du 21ème siècle » a ouvert un nouveau cycle et redonné de l’espoir aux gauches américaines, comme européennes. «...

C’est avec beaucoup d’émotion que la gauche européenne a appris le décès de Hugo Chavez. A la fin du 20ème siècle, dans cette phase de reflux où seule Cuba résistait encore au capitalisme, le « socialisme du 21ème siècle » a ouvert un nouveau cycle et redonné de l’espoir aux gauches américaines, comme européennes.

« Aujourd’hui, la République bolivarienne du Venezuela est caractérisée par la justice, la solidarité et une autre répartition des richesses, l’accès pour tous à l’éducation, à la santé et à la culture », a relevé le Parti de la Gauche européenne (PGE), représenté dans notre pays par le Parti suisse du Travail – POP.

« Ce jour est un jour de deuil pour nous et pour de très nombreux peuples et militants. Nous nous sentons liés de cœur », a déclaré Jean-Luc Mélenchon, dont le Parti de Gauche est affilié au PGE. « Ce qu’est Chavez ne meurt jamais. C’est l’idéal inépuisable de l’espérance humaniste, de la révolution. »

En Suisse, Frédéric Charpié pour La Gauche a tenu à rendre hommage au « camarade » et « ami », qui s’est s’opposé « au pillage de son pays par les transnationales avides de faire de l’argent à tout prix ». La Jeunesse socialiste genevoise, elle, aimerait dédier une rue de la ville du bout de lac au « grand homme ». « Il reste aux Européens de progrès de suivre le chemin révolutionnaire tracé par le commandant Chavez et de lutter pour les idées que cet admirable et exemplaire homme d’exception a incarnées », ont souligné de leur côté les Communistes genevois.

« Je me rappellerai toujours
de son regard tendre et affectueux »

Ayant quitté récemment les Communistes pour fonder un nouveau parti – le Mouvement vers la révolution citoyenne – Laurent Tettamanti s’est rendu à plusieurs reprises au Venezuela et avait réalisé un reportage publié en mai 2012 par Gauchebdo. « Par deux fois, j’ai eu la chance d’assister à des discours du Comandante à Caracas : plus de douze heures captivantes où le temps semblait s’être arrêté. Dans un souci permanent de pédagogie, sa voix franche mêlant grande Histoire et petites anecdotes ne laissait personne indifférent », raconte le Genevois qui a eu l’occasion de serrer la main du président. « Je me rappellerai toujours de son regard, qui de temps en temps, entre une envolée lyrique et une digression plus terre à terre, se fixait sur une partie de l’assistance. Un regard tendre et affectueux, inhabituel dans les impitoyables arènes politiques ; celui d’un homme resté simple et profondément bon, qui aimait son peuple. Il fallait le voir et sentir cette folle présence pour comprendre le phénomène, et pour être définitivement rassuré face aux attaques de tous bords dont il fut injustement victime. Le plus difficile dans la vie, c’est d’aller à l’essentiel : passant des tracas du quotidien aux grandes questions philosophiques avec une rhétorique déconcertante, Chavez abordait toutes les préoccupations des gens des peuples. Comme un artiste aux œuvres épurées, rien dans ses propos n’était superflu ou rébarbatif. A chaque fois, il tapait dans le mille. Logique, évident ! On retrouve ces qualités chez Jean-Luc Mélenchon : cette générosité, cette culture, cette curiosité et cet amour du peuple qui font si cruellement défaut à la plupart des politiciens. Loin des clichés de l’homme providentiel ou du chef populiste, Chavez a tracé comme d’autres avant lui une voie pertinente et ambitieuse. A nous de faire en sorte que cela ne soit pas qu’un accident de l’Histoire, que certains prétendent vouée à reproduire les injustices et la médiocrité. »


La gauche genevoise rendra hommage au président décédé le dimanche 10 mars à 17h à l’UOG (3, pl. des Grottes)