Interdit, puis autorisé et finalement à nouveau interdit : les autorités genevoises ont quelque peu hésité à autoriser un rassemblement du Collectif Urgence Palestine devant le Victoria Hall. A l’heure de mettre sous presse, le collectif entendait maintenir son rassemblement ce 1er décembre pour protester contre un concert de musique classique organisé par le Fonds National Juif (FNJ ou KKL) de Suisse. « Le FNJ est l’un des principaux instruments de la politique coloniale israélienne. De concert avec l’Etat d’Israël, le FNJ mène depuis plusieurs décennies une politique de dépossession des terres et de destruction de villages palestiniens et bédouins ainsi que d’éviction d’habitants de leurs maisons », dénonce le CUP. « Nous sommes une association apolitique rassemblant des citoyens helvétiques engagés en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable en Israël », répond le FNJ. « La soirée a pour objectif de soutenir le projet de réhabilitation des forêts du Mont Carmel dont plus de 5 millions d’arbres et 5’000 hectares, dont la forêt appelée “la petite Suisse“, ont été calcinés lors du plus grave incendie de l’histoire d’Israël en décembre 2010. » Reste que cette forêt du Mont Carmel a été plantée en 1964 sur les ruines de plusieurs villages palestiniens rasés après 1948, rappelle le CUP.
Patrice Mugny désavoué par l’exécutif municipal
Le collectif a également dénoncé le « soutien » de la Ville de Genève à cette soirée, Patrice Mugny, le magistrat de l’époque, ayant accordé un tarif préférentiel de location en raison du caractère culturel et non lucratif de la manifestation. Du coup, le Conseil administratif s’est senti obligé de se distancer de l’ancien magistrat en balançant un communiqué. « Le caractère politique des activités du FNJ aurait dû interdire toute forme de soutien municipal », écrit l’exécutif municipal. « Il est regrettable qu’à aucun moment le Conseil administratif n’ait souhaité s’entretenir avec les responsables du FNJ pour s’informer sur la réalité des buts poursuivis par notre association et pour vérifier les allégués mensongers véhiculés par les opposants à notre soirée », déplore l’association pro-israélienne.
Fondé à Bâle en 1901, le FNJ a contribué à la construction d’Israël en achetant et en aménageant des terrains. Des activités dénoncées comme un soutien à la colonisation de la Palestine. Depuis une décennie, le FNJ dit avoir réorienté ses activités vers la protection de l’environnement et l’écologie.