La loi sur les Ecoles de musique met fin à 30 ans de débat.
Bientôt 30 ans que de groupes de travail en motions, d’études en interpellations, le Canton de Vaud hésite, tergiverse et consulte pour savoir comment financer les écoles de musique. Chaque région, chaque commune a ses propres règles. Si bien que les communes plus râpes que les autres ne financent personne et privent de ce fait de subventions cantonales les Ecoles de musique ou les fanfares actives sur leur territoire. D’autres, comme Château-d’Oex, Pully ou Lausanne, se montrent très généreuses et offrent non seulement des locaux mais aussi des aides appréciables pour payer les écolages. Les enseignants peuvent y compter sur un salaire convenable et des assurances sociales payées. C’est loin d’être le cas partout.
Or, une nouvelle ère est née concernant l’enseignement de la musique dans le canton de Vaud. La loi sur les Ecoles de musique sera discutée mardi devant le Parlement après une quinzaine de séances de commission.
Les titres d’enseignement seront enfin reconnus à leur juste valeur. Une formation signifie en effet quelque six ans de difficiles et prenantes études, sanctionnées par des examens costauds. En outre, un financement de base est garanti désormais par toutes les communes (9 francs 50 par habitant), somme à la quelle le canton ajoutera sa part identique, les parents assumant un écolage de leur côté. La commission a obtenu que la participation de l’Etat soit équivalente à celle des communes, ce qui réduira la participation des parents. Le premier projet gouvernemental se montrait moins équitable, ce qui chargeait les parents de manière inacceptable.
Six ans pour se mettre en place
Le dispositif sera déployé sur six années et se déclinera ainsi : l’Etat verse à une Fondation un montant inscrit au budget. Les communes y versent aussi leur contribution de 9 francs 50 par habitant. Les contributions sont ainsi réparties aux quelque 90 Ecoles, via les centres régionaux. Les frais d’écolages sont directement versés aux Ecoles, de même que les aides individuelles des communes. Une période transitoire de trois ans permettra de créer ou de désigner les centres régionaux. Une même période permettra aussi aux enseignants de mettre leur formation à niveau.
La situation lausannoise
Comme les autres communes, Lausanne versera 9 francs 50 dans le pot commun. Mais elle continuera à verser des montants complémentaires afin que les écolages restent, pour ses habitants, au niveau actuel. En définitive, cela représentera une économie d’environ 30% pour Lausanne, car jusqu’alors la capitale du canton assumait largement la part la plus importante de ce que versaient les autres communes. En conséquence, les élèves d’Epalinges, par exemple, qui fréquenteront les Ecoles de musique lausannoises, devront obtenir une aide de leur commune pour payer le même montant qu’actuellement. A moins qu’une intervention d’un conseiller communal lausannois ne change ce système.
La loi permet enfin d’affirmer que la musique n’est pas un loisir comme les autres, comparable au golf ou à l’escrime. C’est pourtant ce que prétendaient nombre de libéraux ou d’UDC. L’enseignement de la musique joue un rôle essentiel dans la formation des enfants et des jeunes et plus généralement dans la culture. Sans préjugé entre soi disant « grande » et « petite » musique, les Ecoles de musique rassembleront aussi bien celles qui se sont spécialisées dans les fanfares que celles destinées plutôt à une musique dite savante. Il n’est pas impossible d’ailleurs que les associations d’enseignants de ces deux filières ne se regroupent en un seul organisme au fil des ans. Les musiciens, les enseignants, les élèves et même les communes vont apprécier cette nouvelle loi. Il ne reste qu’à espérer que cela marquera un nouvel essor pour l’enseignement de la musique et à l’ouverture de cet enseignement à un nombre toujours plus grand d’amateurs.