Les députés débloquent 16,6 millions pour la compagnie qui pourra restaurer deux de ses bateaux.
Après des mois de tensions, d’atermoiements, de larges négociations et le refus de scinder la compagnie en deux entités indépendantes comme le voulait le conseiller d’Etat Marthaler, le Grand Conseil a pu enfin accepter à l’unanimité de débloquer 16,6 millions pour la CGN, la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman. Les bateaux « Vevey », fleuron historique, et « Ville de Genève » seront enfin restaurés et le Chantier naval d’Ouchy sera assaini.
Le Conseil d’Etat est en outre autorisé à participer à la nouvelle structure juridique de la CGN de type holding. La société mère détiendra le capital action de deux sociétés filles encore à créer. La majorité de la holding sera entre les mains cantonales.
Il y avait de nombreuses parties prenantes aux négociations : les actionnaires, le « fan-club », le syndicat SEV, la CGN et ses organes, les cantons de Genève, Valais et Vaud et la France – qui paie en euros sa « contribution à bien plaire », ce qui n’est pas sans incidences en la période actuelle. En plus, il a fallu attendre septembre 2010 pour que Genève se dote d’une loi lui permettant d’apporter sa contribution financière au projet. Les missions peuvent paraître contradictoires : offrir des transports publics à un prix acceptable, rénover et maintenir le patrimoine historique et faire naviguer selon l’horaire des navires historiques à vapeur, dont le coût d’exploitation est plus élevé que celui du simple déplacement de touristes.
Tout n’est pas encore réglé par le vote du Grand Conseil. Les relations avec les communes qui disposent d’un débarcadère et leur participation financière seront du ressort de la plate-forme canton-communes ad hoc. Pour nombre d’entre elles, c’est la flotte Belle Epoque qui est primordiale vu sa fonction touristique. En outre, sur la côte française, Evian et Thonon ne disposent pas d’un réseau de transport public efficace, il faut donc garantir des places de parc en suffisance si l’on souhaite que plus de frontaliers prennent le bateau.
Augmenter le financement français
Nombre de décisions vont donc encore dépendre de l’Assemblée générale du 24 juin prochain. C’est pourquoi la commission a formulé trois vœux : que des négociations permettent d’augmenter la participation financière de la France, qu’une minorité de blocage soit accordée aux actionnaires historiques de la CGN et que la rénovation du bateau historique « Italie » soit engagée.
En conclusion, la conjugaison du rôle de service public et de conservation du patrimoine paraît être sur la bonne voie, tout comme le financement et la nouvelle structure d’organisation, complexes sans doute mais réalistes. C’est ce qui permet de saluer un projet qui a suscité l’unanimité du Parlement, un fait très rare au Grand Conseil qui, plus souvent qu’à son tour, se détermine grâce à une courte majorité.