Studer bafoue sans vergogne les droits populaires

Au mépris des lois, le conseiller d'Etat fait tout pour enterrer les initiatives qui le dérangent.

Au mépris des lois, le conseiller d’Etat fait tout pour enterrer les initiatives qui le dérangent.

Le 23 octobre 2006, une initiative, intitulée « Pour une participation des grandes fortunes limitée dans le temps », a été déposée munie de 6’240 signatures valables. En mai 2007, sa recevabilité matérielle était admise par le Grand Conseil et selon la loi sur les droits politiques, le Conseil d’Etat avait jusqu’à fin 2008 pour la présenter devant le législatif accompagné d’un rapport. En juin 2009, une députée, s’inquiétant de ne rien voir arriver, intervenait pour demander des nouvelles. Le conseiller d’Etat Jean Studer répondait que le Grand Conseil serait saisi d’un rapport avant la fin de l’année. En mars 2010, toujours sans nouvelles, un groupe de députés a déposé une nouvelle question sur le sujet. Le même conseiller d’Etat a alors assuré que l’initiative serait traitée avant l’été. En octobre 2010, quatre ans après le dépôt de l’initiative et deux ans après le terme du délai légal, le comité d’initiative s’est inquiété par écrit de ce retard inadmissible. Jean Studer, toujours lui, s’est voulu rassurant : promis, juré, l’initiative allait être traitée avant la fin de l’année. Il n’en a rien été. Entre-temps, le Conseil d’Etat trouve la parade à cette initiative en annonçant vouloir la traiter dans le cadre de la réforme de la fiscalité prévue pour le courant 2011.

Le comité d’initiative dénonce ces tergiversations et interroge le Conseil d’Etat en lui demandant de qui il se moque. Certainement des membres du comité d’initiative, des partis, associations et syndicats qu’ils représentent et des 6’240 citoyens signataires. Mais surtout, il se moque de la loi sur les droits politiques qu’il enfreint sans vergogne et de façon répétée. Cela, de la part d’un exécutif cantonal toujours prêt à donner des leçons à tout le monde.

Outré de cette attitude, le comité d’initiative a renouvelé ses exigences par la remise publique d’une lettre en main propre et en présence des médias. Que l’exécutif soit opposé à cette initiative, c’est son bon droit, mais alors qu’il argumente son opposition dans le respect de la loi et des procédures démocratiques peut-on lire dans la lettre.

Derrière cette pratique, c’est le débat démocratique qui s’éloigne du peuple. Agissant comme un monarque, le Conseil d’Etat dirige le canton en évitant d’aborder des propositions qui pourraient nuire à ceux qui détiennent le pouvoir économique et financier. Et cette pratique semble convenir aux membres du gouvernement qui n’ont toujours pas, par ailleurs, soumis au parlement l’initiative du POP « Frein au démantèlement social ». Tout est fait pour éviter les questions de fond.

Dans les astres, il est écrit qu’un jour il y aura une réaction populaire pour rappeler à ceux qui dirigent qu’ils doivent servir les intérêts du peuple avant ceux des dirigeants économiques.