A la botte des cliniques privées, la droite refuse le financement des hôpitaux.
Les commissaires de droite seraient-ils des incapables ? La commission santé avait travaillé sans heurts et accepté sans avis contraire le projet du Conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard. Mais la droite est de plus en plus irritée d’avoir affaire à un conseiller d’Etat rapide et compétent, défenseur des services publics et de la solidarité, incomparable connaisseur de ses dossiers et, pire encore, socialiste. « Nous ne laisserons plus passer un projet de Maillard », s’était écrié le président du groupe libéral, Jean-Marie Surer après la réussite au parlement du projet PC famille et rente pont AVS. La droite mardi a donc désavoué ses représentants au sein de la commission. Le projet a été enterré et même pas discuté, grâce à deux voix de majorité (sept absents dans les rangs de la gauche, dont quatre Verts).
Vaud avait innové en 2002 (avec un libéral au gouvernail) en introduisant le financement au forfait (DRG) qui sera généralisé en Suisse dès 2012, selon la volonté fédérale. Cliniques et hôpitaux publics seront financés par les pouvoirs publics, quel que soit le tri des risques par les privés. Un hôpital public doit accueillir tous les cas qui se présentent alors que les cliniques pourront choisir les pathologies, voire envoyer au CHUV par exemple les cas particulièrement complexes et chers. Berne impose et les cantons perdent de leur autonomie.
La santé n’est pas seulement un marché
C’est pourquoi le projet gouvernemental prévoyait que les pouvoirs publics gardent la main sur la planification et la gestion des coûts. Il impose donc de la transparence, un contrat de prestations avec l’Etat, donc un contrôle, puisque le canton assume 55% des coûts, un plafond du traitement des directeurs (certains gagnent 800’000 francs), une garantie des conditions de travail des salariés et une sous-traitance modérée. Les cliniques privées et leur riche association « Vaud cliniques » a défendu ses actionnaires et, juste avant le débat mardi, a rencontré à 8h30 le groupe radical qui, docile, a voté contre le projet à l’entrée en matière, comme l’UDC et les libéraux.
Ce blocage signifie clairement que la droite a peur d’un changement de majorité au Conseil d’Etat aux prochaines élections. Autrement dit, ces députés si soumis au marché de la santé pensent aussi : « Ce Maillard est trop fort pour nous, coupons-lui les ailes. » Un tonitruant aveu d’incompétence.