Indéniablement, l’alimentation cons-titue un thème de débat toujours plus présent. 15 ans après la vache folle, 10 ans après le poulet à la dioxine, les Suisses sont désormais très attentifs à la qualité des produits consommés. Une prise de conscience qui est aussi écologique et que l’on peut illustrer par l’exemple éloquent du pot de yaourt. Une étude allemande montre que les composants nécessaires à la fabrication d’un yaourt parcourent plusieurs milliers de kilomètres avant que celui-ci n’arrive sur la table : matières plastiques, fruits exotiques, sucre, lait… l’énergie consommée pour transporter et réfrigérer ledit pot permettrait de faire rouler une voiture sur 125m !
La volonté d’une alimentation de proximité répond également à un besoin d’authenticité des produits, et permet de soutenir une paysannerie suisse largement sacrifiée sur l’autel de la mondialisation libérale ; ici comme ailleurs, la sacro-sainte concurrence laisse de nombreux producteurs sur le carreau. Car le libéralisme triomphant, c’est aussi cela : importer de l’autre bout du monde des denrées à bas prix, avec une explosion du trafic aérien, maritime et routier, pendant qu’on organise la disparition des producteurs locaux.
Face à cela, des réponses citoyennes et politiques apparaissent : à Lausanne, l’agriculture contractuelle (qui consiste à s’abonner pour recevoir, chaque semaine, un panier de produits régionaux) connaît ainsi un beau succès.
Le POP & Gauche en mouvement propose aujourd’hui d’élargir le concept aux écoles, en organisant, par exemple une fois par semaine, l’utilisation de produits locaux dans les cantines. Des collaborations nouvelles pourraient naître avec des paysans de la région, garantissant une restauration scolaire de qualité ; sur une base volontaire, les parents intéressés pourraient être associés à la démarche. De même, on pourrait imaginer que chaque école dispose d’un potager, qui serait un lieu de production, mais surtout un espace ludique de sensibilisation aux enjeux de l’autonomie alimentaire, de la privatisation du vivant par quelques multinationales (brevets, OGM, …) et du nécessaire respect de l’environnement.
Un exemple de ces « solutions locales pour un désordre global » dont parle Coline Serreau dans son récent film.