Le président du gouvernement présente un projet de budget 2011 pingre en investissements sociaux.
Huit milliards de budget et un solde positif de 3 millions que tout le monde sait largement sous-évalué et voilà quasiment l’ensemble du Grand Conseil emballé, fasciné, doux comme un mouton – c’est d’ailleurs la mode. D’acrobate et de raconteur de comptes, Pascal Broulis a passé au registre d’hypnotiseur ! Au point qu’il s’est cru obligé de répéter à l’envi que ce budget était « celui d’une équipe composée de sept personnes ». Personne ne l’a cru bien sûr. D’autant qu’il n’a pas manqué de répondre aux députés à la place de ses collègues, et tout particulièrement à la place de sa collègue de parti, la conseillère d’Etat Jacqueline De Quattro, assise sagement à ses côtés. Comme chaque année, les investissements sont pingres, comme chaque année, les rentrées fiscales sont largement sous évaluées. Un bon truc pour le président du Conseil d’Etat qui annonce un solde positif minimal – trois millions cette année – et triomphe lors du résultat des comptes – un milliard de surplus ces deux dernières années et sans doute autant cette fois-ci. Ce qui laisse au ministre des finances les mains libres pour gérer seul ce petit pactole fiscal, discrètement, en toute tranquille autorité. Discret, il le reste aussi sur son rôle de président des chefs des finances cantonaux alors que le canton de Vaud est l’une des sept vaches à lait qui alimentent les autres cantons, y compris ceux qui n’ont aucune dette et qui sont les champions de la concurrence fiscale comme Zoug ou Obwald. Un peu assis entre deux chaises quand même, Raminabroulis, comme on surnomme le ministre.
Besoins criants de la population
Le groupe POP-solidaritéS ne s’en est pas laissé conter. Par la voix de Jean-Michel Dolivo, rapporteur de minorité, il a tenté de corriger une vision politique trop éloignée de besoins criants de la population, malgré des efforts gouvernementaux qui corrigent un peu des années de disette cantonale. Et de tenter d’augmenter les autorisations de dépenser dans le domaine des garderies, des participations des parents à leur coût, dans celui du logement, du nombre des élèves par classe, du budget consacré au système des avocats d’office, au personnel de l’Office du tuteur général, au service pénitentiaire si chahuté après la mort dramatique de Skander Vogt. Et surtout en faveur des chômeurs comédiens, danseurs, chorégraphes, ceux que l’on appelle les intermittents du spectacle, qui seront littéralement sur la paille dès le 1er avril 2011, vu l’application de la LACI. Cette intervention a failli réussir à deux voix près et sera reprise lors du deuxième débat la semaine prochaine.
Le talent hypnotique du ministre des Finances a été si performant que les députés ont pu rentrer chez eux sans siéger « open end », comme l’avait prévu la présidente du Parlement. Sans penser qu’à se laisser fasciner comme des papillons sous lumière de la lampe, ils risquent d’être grillés sous l’abat-jour.