Les comptes de la Ville de La Chaux-de-Fonds affichent un déficit moins élevé que prévu malgré une situation économique défavorable. La conseillère générale popiste Pascale Gazareth livre son analyse.
Les comptes 2009 de la Ville de La Chaux-de-Fonds bouclent sur un déficit de 1,88 million de francs, soit 370’000 francs de mieux que ce qui était prévu au budget.
Pascale Gazareth a donné la position du POP dans la discussion sur les comptes 2009. « Face à la tempête qui a balayé l’industrie horlogère et plusieurs secteurs économiques avec elle en 2009, le résultat des comptes 2009 nous satisfait, et aurait même tendance à nous réjouir si l’on considère ce que nous avons craint. » L’oratrice a rappelé que l’année 2009 a été rude : les recettes fiscales des personnes morales, qui avaient grimpées en flèche l’année précédente, se sont logiquement écroulées. Parallèlement, les dépenses sociales au sens large ont suivi l’ascenseur du taux de chômage. Recettes en baisse, charges en hausse, le résultat des comptes 2009 ne pouvait être que négatif.
En annonçant que son parti accepterait les comptes, la popiste ne manqua pas de tirer quelques flèches contre le système par qui tout le mal arrive.
Avec subtilité elle a précisé que le terme « négatif » n’a pas le même sens au niveau comptable qu’au plan politique. Bien entendu, le déficit est inférieur au déficit budgété. La plupart des charges dépendant de la compétence communale ont été bien maîtrisées, le travail mené sur le portefeuille d’assurances de la Ville ou sur les maisons de retraite a permis de réaliser des économies substantielles, et la gestion stratégique des emprunts a permis de tirer profit des taux d’intérêts bas et d’alléger la dette.
Mais la porte-parole popiste a rendu attentif les conseillers généraux sur le report de certains investissements. S’ils peuvent paraître positifs sur le plan comptable, il n’en est rien politiquement puisque ce sont autant de dépenses dont l’économie locale n’aura pas profité.
La crise révèle la fragilité et les failles du système
Approfondissant son propos, elle a insisté sur la rudesse de la crise sur la vie des habitants. « Dans certaines familles, les deux pourvoyeurs de revenu ont perdu leur emploi. » Si l’impôt sur les personnes physiques s’est maintenu, il est encore trop tôt pour savoir si c’est parce que les personnes touchées par la crise n’ont pas demandé d’adaptations de leurs tranches d’impôts ou si c’est parce que la situation d’une partie, elle aussi importante, de la population n’a pas été touchée. « Seules certitudes : cette crise révèle la fragilité de notre système économique, notre dépendance face aux décisions des grands groupes industriels et financiers, et les failles dans notre système social. »
Elle a rappelé que l’augmentation des charges de personnel, fustigées par l’UDC, comprend une série d’engagements directement liés à l’emploi temporaire de personnes touchées ou menacées par le chômage.
Elle a souligné que l’exercice 2009 aura une fois de plus apporté la preuve de l’impuissance des pouvoirs publics à anticiper correctement les variations des recettes provenant des entreprises. « Ces variations qui font ou défont nos comptes bien plus sûrement que toutes les mesures de rationalisation que nous pouvons prendre. » Et ainsi, la collectivité publique reste totalement démunie face aux conséquences des décisions organisationnelles et aux mesures « d’optimisation fiscale », comme le disent si joliment les spécialistes. « Le sens même de l’impôt comme outil de répartition de la richesse créée grâce aux efforts conjugués de toute une communauté se perd chaque jour un peu plus. Si la création de richesse est la seule responsabilité sociale que bien des entreprises consentent à se reconnaître, force est de constater que le sens et la destination finale de cette création de richesse deviennent de plus en plus flous, ou plus exactement, se transforment : l’enrichissement des dirigeants et actionnaires prend le pas sur l’enrichissement de la communauté. »
Très en verve, la popiste en a profité pour stigmatiser le projet de réforme de l’imposition des personnes morales proposé par le Canton. « Prévoir d’encaisser plus d’impôts en baissant la fiscalité, c’est juste confirmer l’importance de ces jeux d’optimisation fiscale dont les seuls vrais vainqueurs sont les représentants du grand capital, riches toujours plus riches, au détriment des collectivités publiques et de la majeure partie de la population. Car à ce jeu, la commune ou le Canton qui gagne aujourd’hui est certain de perdre demain. La concurrence fiscale ne stimule en rien l’économie, elle ne fait que renforcer ses pratiques les plus prédatrices et renforcer son emprise sur les collectivités publiques. » Elle a conclu en affirmant qu’il est plus qu’urgent de mettre un frein à ces pratiques suicidaires de concurrence fiscale en insistant auprès du Conseil d’Etat pour que l’initiative communale demandant une péréquation intercommunale des recettes des personnes morales, et transformée en postulat par le Grand conseil, soit traitée et mise en place au plus vite.