La candidate verte au Conseil des Etats n’a pas réussi à mobiliser l’ensemble de l’électorat de gauche.
Les Verts, le Parti Ouvrier et Populaire et solidaritéS ne voulaient pas que le canton de Neuchâtel soit représenté au Conseil des Etats par un élu UDC. Ce vœu est exhaussé puisque c’est le libéral-radical Raphaël Comte qui remplacera Didier Burkhalter. Au côté de Didier Berberat, il représentera le canton de Neuchâtel à Berne.
Cet objectif atteint, il reste dans l’analyse de ce scrutin diverses questions un peu plus embarrassantes.
La participation de 30% signifie-t-elle que la population n’a pas jugé utile de s’intéresser à cette élection ? Cet éloignement confirme que la démocratie helvétique bât de l’aile.
Le vainqueur est aussi celui de la campagne électorale la plus chère (40’000 francs) alors que la situation sociale se tend et que les aides publiques tout comme les budgets des collectivités publiques sont attaqués précisément par les libéraux-radicaux.
En théorie, la gauche peut être majoritaire dans le canton si l’enthousiasme l’emporte sur les petits calculs. Il est embarrassant de constater que des voix ont manqué dans l’électorat de ces partis. Que signifie ce manque d’allant ? Que la lutte pour les places l’emporte sur la lutte contre la droite.
Pour les socialistes, puisque le canton est partagé en deux parties presque égales entre droite et gauche, il est normal que le canton soi représenté par un élu de chaque bord. Ainsi leurs voix pourront s’annuler sur les choix profondément politiques. Le soutien du parti à Francine John-Calame était donc un accord politicien mais pas politique.
Au sein du Parti Ouvrier et Populaire, la candidate verte avait pour elle le mérite de la sensibilité sociale. Mais pour le reste, certains ont estimé que son engagement n’avait pas la profondeur politique souhaitée.
Calculs égoïstes
Avec ces calculs égoïstes, on permet à la droite de placer un jeune politicien bourré de talent et qui saura, avec l’habileté qui est la sienne, soutenir la politique de droite en privilégiant les intérêts économiques, avec de temps à autre une chiquenaude sociale pour faire bon poids sans toucher aux intérêts fondamentaux.
Reste la seule bonne nouvelle, celle de l’échec du candidat de l’UDC. Pierre Hainard, membre de l’exécutif de la ville de La Chaux-de-Fonds n’a pas réussi à drainer les voix nécessaires. Dans sa ville, bien qu’il arrive en seconde position, il espérait obtenir le soutien d’un plus grand nombre d’électeurs. Il faut dire que sa décision de quitter son poste actuel par surcharge de travail n’a certainement pas conforté l’appel à le soutenir. Il n’empêche que l’UDC semble plafonner face au renouvellement des libéraux-radicaux depuis la fusion des deux partis.
Dans les trois villes, Francine John-Calame arrive en tête, ce qui est un bon résultat pour elle, mais avec l’apport des électeurs potentiels de toute la gauche dont les logos de chaque parti figuraient sur l’affiche, elle aurait dû faire un score plus élevé. C’est donc avec raison que les Verts ont renoncé à la maintenir en lice pour le second tour.
Ce choix étant fait, il conviendra maintenant d’affûter les positions à gauche pour pouvoir drainer les électeurs victimes de la crise car ce sont eux qui feront les frais de cette élection.