Avec un taux de participation de 46%, les Neuchâtelois ont refusé à 65% la Loi sur l’énergie.
Les partis de gauche l’avaient acceptée au Grand conseil lors de la précédente législature. Elle était contestée par un référendum déposé par les partis de droite et les milieux immobiliers.
Le Conseil d’Etat, pour sa part, avait changé de position après les élections cantonales de ce printemps qui avait vu le retour de la droite. Le gouvernement avait donc rejoint le camp des opposants à sa propre loi.
Celle-ci avait pourtant reçu un prix de l’Agence solaire suisse, car elle était considérée comme un texte pionnier.
Elle proposait notamment d’instaurer un bilan énergétique de chaque bâtiment et d’obliger l’installation de panneaux thermiques sur chaque nouvelle construction. La loi précisait que les mesures ne pouvaient être imposées qu’à condition d’être économiquement supportables. Elle aurait permis de diminuer la consommation d’énergies fossiles de plus en plus chères et de plus en plus rares. Elle réduit aussi la dépendance envers l’étranger. Cet assainissement et cette isolation des bâtiments auraient donné du travail aux entreprises du canton. Cela aurait aussi permis de créer dès maintenant des emplois pour longtemps.
Les référendaires de droite ont utilisé l’argument de la hausse des impôts pour dissuader les citoyens de soutenir cette loi. Ils ont aussi dénoncé une hausse présumée des loyers et une augmentation des charges pour les propriétaires. De même qu’ils rejetaient le caractère obligatoire des mesures. Ce matraquage savamment distillé durant la campagne a atteint son but.
Pourtant, les bâtiments consommant moins d’énergie ont une valeur marchande supérieure. Ce n’est pas nous qui le disons, mais un rapport de l’Office fédéral de l’énergie intitulé « Rénovation énergétiquement correcte des immeubles locatifs ». La droite neuchâteloise a-t-elle changé son fusil d’épaule ?
Les affaires avant tout
Certainement pas. Elle a conduit une bataille politique qu’elle a gagnée. Elle a refusé de subir des obligations voulues par la gauche. Quand la droite politique et les milieux immobiliers investissent dans les bâtiments, il s’agit de faire des affaires et de rentabiliser son investissement plutôt que de loger des personnes. La hausse des loyers est une préoccupation de second plan en face du bénéfice, comme le prouvent les hausses régulières des intérêts hypothécaires.
Une problématique pas comprise
De la question énergétique, elle s’en moque, ce n’est pas son premier souci. Ce qu’elle défend, c’est sa liberté absolue. Car si elle avait souhaité éviter des hausses de loyers, elle aurait pu assumer une partie des investissements nécessaires pour réduire les frais de chauffage. Et ne reporter sur les loyers que la somme identique à la baisse des charges énergétiques, donc sans hausse.
Au final, tout le monde aurait pu être gagnant car les économies d’énergies sont profitables à chacun. Mais ces requins préfèrent reporter les frais de chauffage sur les charges tout en maintenant la hauteur des loyers en lien avec les hypothèques.
Cette votation donne à mesurer les efforts de conscientisation qu’il faudra encore accomplir pour que la population comprenne les liens existants entre économies d’énergies, survie de l’humanité et positions de classe de la bourgeoisie.