Le POP invite les citoyens à boycotter l’ouverture des magasins décidée par le Conseil d’Etat.
Les grands distributeurs, Coop et Migros en tête, craignant que la population manque d’occasion pour remplir généreusement leur bas de laine en cette période de fête, ont demandé au Conseil d’Etat l’autorisation d’ouvrir le dimanche 20 décembre. Accordé ! a dit le Conseil d’Etat, qui a tranché entre deux préavis négatifs (les associations du personnel et le Conseil communal du Locle) et deux positifs (les distributeurs et le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds).
Les autorités chaux-de-fonnières, pourtant à majorité de gauche, ont renoncé à préserver le dimanche de repos des employés de la vente, qui en auraient pourtant bien besoin au milieu des autres ouvertures prolongées et de l’intensité de leur travail durant cette période. C’est qu’elles ont jugé préférable que les visiteurs des Journées de la métropole horlogère et les touristes Unesco puissent faire leurs emplettes à la Tchaux. Faut dire que pour respecter le sacro-saint frein à l’endettement, le Conseil d’Etat prévoit de supprimer sa subvention de 427’000 francs à Tourisme neuchâtelois. Alors rien de tel qu’une ouverture dominicale des magasins pour faire de la promotion touristique à peu de frais ! On économise d’un côté et en plus on gagnera plus d’impôts de l’autre, se réjouiront certains, avant d’ajouter qu’avec 20% de chômage, ce serait quand-même bête de rater une occasion de créer des emplois, ou de ne pas pouvoir profiter d’un jour où on ne travaille pas pour faire ses courses ! Quant aux vendeurs et aux caissières, faut pas qu’ils se plaignent, eux au moins ont du boulot !
Le POP dénonce évidemment cette vision des choses qui se moque totalement des conditions de travail des employés de la vente et oblige les petits commerçants à renoncer eux aussi à leur jour de repos. Il appelle la population à boycotter cette ouverture des magasins le dimanche.
Le POP s’oppose depuis toujours à l’ouverture généralisée des commerces le dimanche. Cette ouverture repose sur différents arguments que le POP réfute.
« Les commerces déjà ouverts le dimanche provoquent une concurrence déloyale. » Si c’est le cas, il faut limiter leur ouverture à ce qui est vraiment utile plutôt que laisser les autres commerces ouvrir eux aussi.
« Le chiffre d’affaire du dimanche est très élevé. » Oui, mais il baisse les autres jours : le pouvoir d’achat des consommateurs n’étant pas illimité, ce qui s’achète le dimanche ne s’achète plus le reste de la semaine. Une fois que les charges de l’ouverture du dimanche sont payées (salaires, électricité, etc.), seuls les grosses enseignes s’en sortent parce qu’elles parviennent ainsi à grignoter des parts de marché au détriment du petit commerce. Dans la réalité, l’ouverture le dimanche, c’est une baisse générale de la productivité horaire, une dégradation des conditions de travail et la mort progressive des petites enseignes. Mais c’est surtout la disparition du dernier jour de la semaine que la population peut consacrer au repos et à la vie sociale, bref à autre chose que le travail et la consommation. Sans parler de l’impact énergétique.
« Ouvrir le dimanche crée des emplois. » La création d’emploi le dimanche est un fait. Ouvrir toute la nuit aussi. Mais quels emplois ? Les conditions du personnel de la vente sont peu enviables : horaires de travail décousus, bas salaires, faible protection contre les licenciements, charges ergonomiques et psychiques importantes, etc. Dégrader ces conditions par des horaires encore plus décousus et des menaces de licenciement pour celles et ceux qui refuseraient de travailler le dimanche, le POP s’y oppose vigoureusement ! Car ouvrir le dimanche qu’avec des étudiants et des travailleurs volontaires, c’est illusoire. Ou alors, proposons les mêmes règles que pour les épiceries de quartiers : le dimanche, seuls les gérants et leur famille peuvent travailler ! On verra s’ils sont toujours aussi pressés d’ouvrir le dimanche…
« L’accueil touristique est amélioré. » C’est vrai que quand on fait une virée dans une ville un week-end, notre première attente c’est de pouvoir faire du shopping le dimanche et ramener les courses de la semaine ! Parions que les horlogeries qui vendent des montres produites dans la région garderont, elles, rideau fermé. Heureusement, on en trouve à la boutique souvenir du Musée international d’horlogerie ! Tiens, on pourrait dessiner une petite ligne rouge pour les guider jusque là plutôt que d’ouvrir la Coop et la Migros !