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Il y a cent ans, le 25 octobre 1917 (7 novembre selon le calendrier actuel), les bolchéviques – dont certains étaient passés auparavant par la Suisse (voir notre article) – portés par la contestation populaire dans les grandes villes, occupent les points clés de Petrograd, arrêtant ou mettant en fuite les membres du gouvernement provisoire en place depuis le renversement de la monarchie tsariste en février. Le lendemain, ils décrètent la paix, l’abolition des grandes propriétés foncières, l’instauration du contrôle ouvrier et le droit des peuples de Russie à disposer d’eux-mêmes. Ils devront cependant rapidement faire face à la gestion d’un pays dévasté par la guerre.
Ces événements sont le point de départ d’un mouvement dont les suites ont structuré toute l’histoire du XXe siècle, divisant notamment le monde entre communistes et anticommunistes, analyse l’historien Jean-François Fayet (voir notre interview). Leur interprétation par les historiens a d’ailleurs longtemps fait l’objet de controverses suivant le même clivage, les partisans du régime y voyant l’aboutissement logique du mouvement de libération des masses initié au XIXe siècle, alors que les tenants de l’école libérale ont tenté de les présenter comme le putsch d’un petit groupe de fanatiques sans lien dans la société.
Aujourd’hui, quelles conclusions tirer après les péripéties, succès, déboires, échecs et finalement l’effondrement du régime né d’Octobre 1917? s’interroge l’historien André Rauber (voir l’article). Si Octobre 1917 a été source d’inspiration pour les droits des femmes (voir notre article), pour la lutte contre le colonialisme, et jusque dans les mouvements artistiques (voir notre article), si la peur du communisme a poussé les régimes capitalistes à accorder des concessions sociales aux classes populaires, il ne saurait être fait abstraction des dérives autoritaires du régime issu d’Octobre, ni du caractère répressif de ceux qui lui succéderont, notamment celui de Staline et ses tristement célèbres purges.
Un échec qui a durablement terni et entaché l’image du communisme. Pourtant, de 1917 à aujourd’hui, beaucoup s’en sont réclamés et s’en réclament encore. Qui sont-ils? Quelles étaient/sont leurs motivations? Quel regard portent-ils sur la révolution d’Octobre et son héritage? Le communisme se résume-t-il à l’expérience soviétique, à laquelle on a souvent voulu le cantonner? Comment porter cet héritage et quelles perspectives aujourd’hui? (voir nos interviews et nos entretiens avec des militants).
A l’occasion de ce numéro spécial, ce sont quelques-uns des éléments que nous avons voulu aborder.