Big Brother sous éthique?

Globalisation • Les Etats membres de l’Unesco ont adopté une première norme mondiale sur l’éthique de l’intelligence artificielle. Un texte incitatif et non contraignant.

L’Unesco n’hésite pas à en parler comme d’un accord historique. Lancé en 2018 par l’agence spécialisée onusiennne, un programme fixant un cadre éthique pour l’utilisation de l’intelligence artificielle vient d’être adopté par 193 Etats à Paris. «Il s’agit du premier cadre normatif mondial, tout en donnant aux Etats la responsabilité de le mettre en œuvre à leur niveau», a souligné, Audrey Azoulay, directrice générale de l’agence. Le texte projette de donner des garde-fous aux transformations numériques, en favorisant les droits de l’homme et en contribuant à la réalisation des Objectifs de développement durable. Il fixe trois cibles, à commencer par la protection des données. Le texte stipule que tous les individus doivent pouvoir accéder à leurs données personnelles, voire les supprimer. Il veut également accroître la capacité des régulateurs du monde entier à faire respecter ces règles.

Le projet veut aussi interdire explicitement l’utilisation de systèmes d’IA pour le scoring social (notation des individus) et la surveillance de masse. L’Unesco entend également favoriser l’évaluation par les Etats membres de l’impact de ces systèmes sur les personnes, la société et l’environnement. Pour finir, la recommandation projette que tous les acteurs du secteur privilégient les méthodes d’IA économes en données, en énergie et en ressources, «afin que l’IA devienne un outil plus important dans la lutte contre le changement climatique et la résolution des problèmes environnementaux». Reste à savoir maintenant si cette future norme pourra dompter les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et autres géants du secteur? Pas vraiment, les Etats-Unis, tout comme Israël, se sont retirés de l’Unesco en 2017.