Le Forum européen des gauches du continent s’est réuni en chair et en os, ces vendredi et samedi à Bruxelles. La précédente édition s’était tenue uniquement en ligne, épidémie oblige. Et celle-ci a traversé les débats, qui ont vu la participation de membres et dirigeants du Parti de la gauche européenne (PGE), mais aussi des fondations liées aux socialistes et verts européens, des militants et dirigeants politiques d’autres continents, des syndicalistes et des responsables de mouvements associatifs. Ainsi, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), Luca Visentini, a alerté: à l’issue de la pandémie, «il n’y a pas de retour à la normale qui doive être construit. Nous devons ouvrir la voie à une économie plus juste». Il demande qu’on ne revienne pas aux «règles budgétaires» en vigueur avant 2019. En effet, la Commission européenne tout comme le nouveau gouvernement allemand souhaitent que l’interdiction des déficits supérieurs à 3% du PIB soit à nouveau appliquée dès 2023. Le syndicaliste réclame également un «nouveau contrat social» pour contrebalancer les effets du libre-échange.
Le combat promet d’être rude. «Ceux qui refusent d’augmenter les dépenses de santé sont les mêmes qui rechignent à mettre de l’argent contre le réchauffement climatique», souligne Pierre Laurent (PCF), à l’initiative du forum. Listant les conflits non résolus – en Irlande, aux Balkans, ou encore l’occupation de Chypre par la Turquie –, il insiste aussi sur le fait que «l’Europe peut redevenir une poudrière ». L’échec de la COP26, tout comme le surarmement mondial, a marqué de nombreuses interventions. Plusieurs militants soulignent le gaspillage de ressources en armement et combien les armées contribuent à la pollution et au réchauffement climatique. L’un d’entre eux précise ainsi que le Pentagone et la Défense états-unienne sont «la première institution publique au monde en matière d’émission de gaz à effets de serre».
La déclaration finale liste des perspectives de combat: la démocratisation de l’Union européenne et la fin du modèle néolibéral, le renforcement des systèmes de santé, un plan européen de défense de l’égalité de genre, ou encore un plan d’action pour l’environnement, la lutte contre le militarisme et le racisme. Autre chantier, certainement le plus dur, à l’heure où progressent les extrêmes droites: «que la gauche fasse revenir l’espérance», selon les termes de la ministre communiste espagnole du Travail, Yolanda Diaz, dans une vidéo adressée au forum. Invité de marque, l’ancien secrétaire du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn ne dit pas autre chos: «La gauche doit proposer du pain, mais aussi des roses».