Le dernier mouvement social du quinquennat?

France • Alors que la prochaine élection présidentielle approche à grands pas, les syndicats ne lâchent rien.

Suite aux révélations de journalistes sur l’évasion fiscale des puissants, les propositions de correction du système abondent. (DR)

Après quasi 5 ans d’un mandat néolibéral, sous lequel une répression policière violente s’est abattue sur d’innombrables militant.es, et dont la gestion de la pandémie aura fortement brisé les liens sociaux, le mouvement social français est exsangue. A six mois de la prochaine élection présidentielle, une majorité de forces syndicales du pays s’unissent pour tenter de le relever et de le mener dans la lutte.

Revendications multiples

Le 5 octobre, à l’appel de huit syndicats, dont la Confédération générale du travail (CGT), Force ouvrière (FO), Solidaires et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), s’est tenue une journée de grève et de manifestations aux nombreuses revendications. Mises bout à bout, elles constituent un véritable programme politique.
On y trouve notamment l’égalité professionnelle entre femmes et hommes, la conditionnalité des aides publiques selon des normes sociales et environnementales permettant de préserver et créer des emplois, l’arrêt des licenciements, la fin des dérogations au code du travail et aux garanties collectives. Ou encore un coup d’arrêt à la précarisation de l’emploi et à la paupérisation des jeunes en formation par une réforme ambitieuse des bourses.

Violentes réformes

Si tous ces points, parmi d’autres, ont poussé les syndicats à lancer un appel pour battre le pavé, deux autres nourrissent particulièrement leur colère, les réformes du système de retraite et du chômage. La première avait été rangée dans les cartons de la Macronie suite à un mouvement social de grande ampleur, et surtout une pandémie ayant mis le pays à l’arrêt.

Depuis, le gouvernement souffle le chaud et le froid en la matière. La présentant comme «indispensable» mais estimant que «les conditions ne sont pas (encore) réunies» pour la relancer. Il faut dire qu’elle aurait de quoi faire renoncer l’actuel Président à toute ambition d’un nouveau mandat, tant elle a fédéré la population contre lui et «son monde» dans le «monde d’avant».

Un chômage bousculé

La seconde visant à réformer le chômage, mise en place par décret à compter du 1er octobre dernier, modifie le mode de calcul du «salaire de référence» utilisé pour déterminer le montant des allocations. Ainsi toute personne qui s’inscrit depuis cette date au chômage ne verra plus seulement diviser son salaire, au cours des derniers mois, par le nombre de jours travaillés. Mais aussi par le nombre de jours où elle a été au chômage, faisant mécaniquement baisser les indemnités auxquelles elle a droit.

Un coup dur en particulier pour les personnes dont l’emploi n’est pas compatible avec un contrat à durée indéterminé et qui travaillent donc par intermittence. Un coup d’autant plus dur si l’on considère que la pandémie a mis nombre de ces personnes au chômage durant la dernière année et demie. Une réforme si violente qu’elle explique peut-être pourquoi il a été décidé d’équiper les employé.es de «Pôle emploi» de bracelets électroniques permettant d’appeler à l’aide en cas d’agression.

La CGT estimait à l’issue de cette première journée de mobilisation à 160’000 le nombre manifestant.es dans les rues pour un total de 200 rassemblements dans le pays. A Lyon, 2300 personnes ont battu le pavé selon notre estimation. Si ces chiffres peuvent laisser penser que le combat par la rue est mal embarqué, ce dernier permettra pour le moins de thématiser l’injustice et la violence sociales.

Cela favorisera possiblement le report des voix de celles et ceux qui cherchent l’espoir à l’extrême droite vers la gauche, sur un terrain où le Rassemblement National notamment n’a rien à proposer.