Le climat souffle le chaud

Environnement • Alors que l’hémisphère nord entre dans la saison estivale et que nous nous apprêtons à profiter de sa douceur, les indicateurs climatiques s’emballent.

Les niveaux records de température se succèdent à un rythme effréné, menaçant durablement de nombreux écosystèmes. (mbruxelle)

La semaine dernière en Europe, le ciel est tombé sur la tête de plusieurs régions. Mercredi, dans le département français du Doubs, une tornade a frappé la commune de Verrières-de-Joux située à la frontière avec le Canton de Neuchâtel. La veille, la région voyait tomber des grêlons de la taille de balles de ping-pong (L’Est Républicain).
Le lendemain, la dépression à l’origine de ces phénomènes, également responsable d’importants orages et inondations à travers le continent, a provoqué une terrifiante tornade en République Tchèque, dont il pourrait s’agir de la plus puissante enregistrée à l’ère moderne en Europe centrale (Le Monde). Le pays déplore 5 personnes décédées et plus de 150 blessées, selon le média Tchèque CTK. Si, comme l’indique le Réseau de la Confédération helvétique dédié aux services climatiques, «l’influence du changement climatique sur la grêle… n’est pas claire actuellement», d’autres indicateurs clignotent au rouge écarlate.

Le mercure explose

Lundi, le météorologue britannique Scott Duncan signalait sur son compte Twitter un record de température. Ce jour-là, à Lytton, un village du sud-ouest canadien, le mercure est monté jusqu’à 46,6 degrés Celsius. «Le Canada n’a pas seulement battu son record national de tous les temps… Il l’a fait bondir de manière ahurissante de plus 1,6°C. Ce record ne durera même pas 24 heures, la canicule ne fait que commencer. Nous ne sommes qu’en juin. La température annuelle la plus élevée est normalement enregistrée à la fin juillet!», s’exclamait-il. Il semblerait qu’il ait vu juste, puisque le lendemain, la température atteignait 47,9°C à Lytton, et ce alors que l’été n’a débuté que depuis une semaine dans l’hémisphère nord.

A Portland et Seattle, deux grandes villes du nord-ouest des Etats-Unis, connues pour leur fraîcheur, la température a également rejoint son plus haut niveau jamais enregistré depuis le début des relevés météorologiques. Il a fait 46,1°C à l’aéroport de Portland lundi, après un record de 44,4°C la veille, et 41,6°C à celui de Seattle, d’après les relevés effectués par le service météorologique américain (20 Minutes).

Dans une étude parue en mai dans le Bulletin de la Société Américaine de Météorologie, des chercheurs notaient un nouveau record cette fois mondial de la température terrestre au sol. Mesuré dans le désert de Lut en Iran et au cœur de celui du Sonora au Mexique, celui-ci est de 80.8°C. Soit augmentation de plus de 10° C relativement au précédent record de 2005, qui était de 70,7°C.

Le mur est proche

Le 27 mai 2021, l’Organisation météorologique mondiale publiait un nouveau bulletin sur le climat. D’après celui-ci, il est probable à 40% que la température mondiale annuelle moyenne atteigne temporairement une élévation de 1,5°C pendant au moins l’une des cinq prochaines années, et cette probabilité augmente avec le temps. Pour rappel, cette augmentation correspond au seuil fatidique dont l’objectif des Accords de Paris sur le climat est d’éviter le franchissement.

La semaine dernière, l’Agence France Presse (AFP) faisait fuiter le contenu du brouillon du prochain rapport du Groupe international d’experts sur le climat, dont la première partie paraîtra le 9 août.

D’après ces documents, ce sont près de 2,5 milliards de personnes supplémentaires qui seraient affectées d’ici 2050 par des «risques climatiques». La production des principales cultures aurait déjà baissé de 4 à 10% en une décennie. Si la température devait augmenter de 1,5°C à 2°C, 1,7 milliard de personnes supplémentaires seraient exposées à de fortes chaleurs, 420 millions à des chaleurs extrêmes et 65 millions à des canicules exceptionnelles tous les cinq ans. Ce qui pourrait avoir d’importantes répercussions sur leur état de santé. Le pergélisol, ce sol gelé du cercle polaire qui renferme des volumes importants de méthane, un gaz à l’effet de serre plus important que celui du gaz carbonique (CO2), pourrait commencer à disparaître, rapporte enfin l’AFP. Cela entraînerait une accélération du processus de réchauffement.

Autant d’éléments qui nous poussent à nous demander si le climat n’est pas finalement plus chaud que celles et ceux qui militent pour le protéger.