Tamedia tronçonne dans ses journaux bernois

Suisse • Tamedia veut fusionner les rédactions de «Der Bund» et du «Berner Zeitung». Les journalistes sont vent debout contre le projet. Avec le soutien de Syndicom et Impressum.

Le 8 avril, Tamedia a annoncé que les journaux Der Bund et Berner Zeitung et leurs portails en ligne seront définitivement fusionnés à partir du 21 octobre. Ce qui mettra fin au «modèle bernois», soit un éditeur, deux titres, deux rédactions. Pour justifier sa décision, la direction de Tamedia (éditeur aussi de la TdG, 24Heures, Le Matin, etc) parle de «synergies nécessaires», d’un «modèle tourné vers l’avenir» et d’une «équipe rédactionnelle puissante».

Face à ce passage en force, les rédactions ont mené une journée d’action et de protestation le 18 mai devant le bâtiment de la double rédaction à Berne. «Les deux titres seront conservés, mais ce ne sera qu’une feuille de vigne. Derrière, une seule équipe éditoriale fournira aux deux titres un contenu largement identique», a dénoncé le syndicat Impressum. «Der Bund et Berner Zeitung ne sont pas seulement deux titres, mais deux histoires, deux goûts, deux points de vue, chacun avec un public cible différent. Alors que le premier, en tant que journal urbain, est avant tout la voix de la ville fédérale, le second, avec ses rédactions régionales, couvre davantage l’ensemble du canton. Le canton de Berne a besoin des deux concepts dans leur diversité», a expliqué Markus Dütschler, président de la Commission du personnel du Bund et d’impressum Bern.

Dans un Manifeste publié antérieurement, les rédactions avaient rappelé que le projet patronal entraînerait une réduction d’environ un tiers (soit 20 postes à temps-plein) de la centaine de journalistes des deux titres. Et souligner aussi les bons chiffres financiers de l’éditeur. «On constate que durant l’année Corona 2020, la société mère TX Group a versé 37 millions de francs de dividendes à ses actionnaires. Elle a reçu des millions de dollars d’indemnités de chômage partiel de la part du gouvernement fédéral. Et au niveau de l’Ebitda, Tamedia a généré un bénéfice de 11 millions de francs en 2020», soulignait le texte, signé par plus de 1000 personnalités. Ce texte exigeait de réduire les licenciements et d’obtenir plus de transparence de la part des responsables de rédaction, ainsi qu’un bon plan social. «Avec la dégradation continue des prestations journalistiques, on peut se demander comment l’éditeur Pietro Supino pourra encore tenir sa promesse de maintenir le journalisme au centre du modèle d’affaires de Tamedia», a critiqué la responsable du secteur Médias de Syndicom, Stephanie Vonarburg.

 

Pas d’argent de l’OFSP pour Gauchebdo

Selon la NZZ, l’Office fédérale de la santé publique aurait utilisé plus de 12 millions de francs en publicité durant l’année 2020 pour ses messages de prévention à la population contre le Covid. Contacté pour connaître les critères d’attribution de cette manne – aujourd’hui aussi allouée par exemple au nouveau journal Watson romand, un junior consultant de entreprise bernoise Mediaschneider, partenaire de l’OFSP ,  nous a répondu.«Dans le cadre de l’approche cross-média, l’accent est mis sur les titres imprimés nationaux afin d’atteindre nos objectifs de la meilleure façon possible. En outre, le calendrier joue un rôle décisif: Dans de nombreux cas, les messages doivent être communiqués un jour très précis, c’est pourquoi l’accent sur les titres quotidiens est inévitable», explique ainsi Yannick Lehmann.

Et pour bien enfoncer le clou de préciser: «ce n’est pas notre rôle ni celui de l’OFSP de fournir un soutien économique à la presse, même si je comprends les défis majeurs auxquels sont confrontés les petits éditeurs en particulier». Et le geste du coeur?