Alors que la société affronte un défi historique, de nombreux étudiant.e.s suivent leur cursus dans le stress, voyant arriver avec angoisse les examens. Vendredi dernier, par une lettre adressée à la Conseillère d’État en charge du Département vaudois de la formation, de la jeunesse et de la culture, Cesla Amarelle, le syndicat Sud Étudiant.e.s et Précaires (SUD) demande l’arrêt de ce qu’ils qualifient de «précipitation» face à la situation exceptionnelle que nous connaissons. «Il y a encore bien des éléments à mettre en place, tout le monde le sait… et la foule des travailleuses et travailleurs – en formation ou non – précaires, ou réquisitionné.e.s, ou dans les secteurs où l’arrêt n’est pas encore d’actualité le ressent avec la plus grande acuité», écrit-il.
Temps de la réflexion
Le syndicat s’inquiète de la qualité d’un enseignement à distance pour lequel les moyens ne seraient pas au rendez-vous. A ces manquements, s’ajoutent les difficultés d’enseignant.e.s et étudiant.e.s ayant des enfants dont ils.elles doivent actuellement s’occuper à plein temps. «Il faut cesser immédiatement de faire comme si tout pouvait continuer. Ce n’est pas le cas», s’alarme-t-il. A la charge des enfants s’ajoute «l’incapacité technologique» (absence d’ordinateur, de connexion…) et la qualité des lieux de travail (promiscuité, bruit…) que connaissent les plus précaires. Afin de remédier à ces problèmes, SUD revendique une pause d’un minimum de deux semaines. Cela afin de permettre au corps enseignant et étudiant «de se poser, de réfléchir, de mettre en place un système cohérent et égalitaire pour que le semestre ne tombe pas à l’eau».
A Genève, la Conférence Universitaire des Associations d’Étudiant.e.s (CUAE) appelle, elle aussi, à «une solution solidaire et égalitaire». Au vu des altérations importantes des différentes prestations causées par la pandémie (bibliothèques, espaces silencieux de travail, services d’impressions…), elle demande à ce que la session d’examen de juin prochain soit repensée dans son ensemble. Tout comme SUD, le syndicat et faîtière étudiante genevoise s’inquiète de la situation financière instable de nombreux étudiant.e.s dans un contexte de fermeture, pour une durée indéterminée, de la plupart des lieux de travail.
Chute des revenus
En effet, alors que de nombreuses entreprises courent à la faillite, de nombreux étudiant.e.s se retrouvent, eux, au chômage technique ou simplement licencié.e.s. Cela d’autant plus que les secteurs touchés, la vente, la culture, l’aéroportuaire ou encore la restauration et les boites de nuit, sont d’importants employeurs des étudiant.e.s travailleur.se.s. La CUAE souligne, à juste titre, que par-delà ces problèmes, nous sommes toutes et
tous soumis à un stress et une anxiété vis-à-vis de la situation actuelle. «Cette conjoncture particulière et exceptionnelle nous met parfois dans des états émotionnels bouleversants, et ces sentiments sont légitimes», rappelle-t-elle.
En conséquence et face à la complexité de la situation, le syndicat appelle à la validation de tous les enseignements auxquels se sont inscrits les étudiant.e.s ce semestre, ainsi que l’obtention de tous les crédits universitaires liés à ceux-ci. Il déclare privilégier une telle solution à une annulation des examens pour plusieurs raisons. D’une part, cela évite de mettre en péril les étudiant.e.s qui veulent poursuivre leur cursus dans une autre institution nécessitant l’obtention d’un diplôme universitaire. D’autre part, cela les prémunirait d’une prolongation des études, bien souvent impossible pour des raisons économiques et familiales. Enfin cela permet une forme de solidarité internationale à l’égard des étudiants du reste du monde. Toutefois, la CUAE revendique le droit pour tous.tes de prolonger volontairement son cursus de manière automatique et sans conséquences financières.
Les syndicats soulignent tous deux que la communauté estudiantine est pleinement impliquée dans la crise actuelle. En effet, le Conseil fédéral a annoncé un recours à l’armée et mobilise 8000 personnes. Les protections civiles ont également commencé à mobiliser leur personnel. A l’évidence, les obligations de servir des étudiant.e.s ne leur permettront pas de suivre convenablement un quelconque enseignement à distance. «Il y a une véritable nécessité de prendre en compte ceux et celles qui aujourd’hui sont le plus mobilisés, à l’hôpital, à l’armée, à la protection civile, dans les associations, mais aussi dans les foyers, auprès des enfants, des proches et des voisins qui ont besoin de soutien et d’assistance», alerte Gala Doerig, secrétaire syndicale à la CUAE. Selon cette dernière, des réponses à la situation sont attendus d’ici peu du côté du rectorat de l’Université de Genève.