Une pétition contre le blocus de Cuba

Suisse • Depuis fin août, PostFinance a cessé tout trafic de paiement avec Cuba. Une décision que l’association Suisse-Cuba dénonce dans une pétition.

Solidarité avec Cuba face à la politique de PostFinance prétéritant notamment la communauté cubaine en Suisse. (DR)

Reprise des transferts financiers avec Cuba et condamnation du blocus imposé à l’Ile par les Etats-Unis: ce sont les deux revendications centrales adressées au Conseil fédéral, au Parlement et aux institutions financières suisses par les associations de solidarité avec l’Amérique latine.

Le déclencheur a été la décision en août dernier de l’institution financière de la Confédération, PostFinance, de cesser tout virement bancaire à destination de Cuba. «Actuellement, il n’y a plus aucun moyen de faire parvenir de l’argent à Cuba depuis la Suisse», précise Natalie Benelli de l’association ALBA-Suiza.

«C’est une situation extrêmement difficile pour les Suisses qui vivent là-bas, mais aussi pour la communauté cubaine résidant en Suisse et qui souhaite envoyer de l’argent à la famille restée au pays».

Alors que les relations entre Cuba et les Etats-Unis s’étaient quelque peu détendues durant la présidence de Barack Obama, l’administration Trump n’a cessé de renforcer les sanctions financières, ce qui, pour les lanceurs de la pétition, «est contraire au droit international et affecte avant tout l’approvisionnement en nourriture, médicaments, énergie et fournitures».

Les conséquences économiques sont également colossales pour l’Ile: le rapport annuel 2017 sur les effets du blocus étatsunien à Cuba, présenté à l’ONU, parle de 933,7 milliards de dollars de dommages cumulés depuis 1962. Pour Gion Honegger, membre de l’association Suisse-Cuba et fer de lance de la pétition, la participation des banques suisses à ce blocus criminel est innacceptable: «Il faut préciser que PostFinance a mis ses clients devant le fait accompli sans
aucune communication écrite. Ainsi, il n’est pas possible de faire recours contre cette décision. C’est une action consciente de la part de l’établissement financier, dans le but d’empêcher des citoyens de s’opposer à sa participation au blocus. Il est scandaleux que cela se passe ainsi dans un Etat de droit.»

Réponse décevante  du Conseil fédéral

Le 16 septembre, le conseiller national du PST-POP Denis de la Reussille avait déposé une interpellation demandant au Conseil fédéral si la Poste suisse était aux ordres d’un pays étranger.

Le Conseil fédéral, dans sa réponse du 13 novembre, nie avoir donné la moindre instruction à PostFinance concernant la suspension des trafics de paiement. Le gouvernement élude néanmoins le fond politique de la question – la participation d’une institution financière dont la Confédération est propriétaire à un blocus illégitime – en se contentant de donner des explications techniques.

«PostFinance est compétente pour décider dans quels pays et dans quels volumes elle entend proposer des services de paiement à sa clientèle», peut-on lire dans l’avis du Conseil fédéral. Il précise également que, si PostFinance n’est pas directement soumise au droit états-unien, l’établissement financier «veille à ce que les paiements dans des pays frappés par des sanctions américaines soient conformes au droit américain».

Quant à la question cruciale de savoir si le gouvernement suisse va intervenir afin de rétablir la situation antérieure, la réponse est clairement non, car «le trafic des paiements avec l’étranger ne relève pas des prestations que PostFinance doit impérativement fournir au titre du service universel.»

Après cette réponse, libre à chacun de juger si la Poste suisse agit aux ordres de son propriétaire ou d’un Etat étranger…

La pétition contre le blocus sera remise aux autorités fédérales dans le courant du mois de décembre.

Elle peut être signée sur https://act.campax.org/petition/unblock-cuba-2