Depuis 2004, la population élit directement ses autorités exécutives. Le POP a proposé avec le PLR un nouveau système électoral, à savoir l’élection du Conseil communal par le Conseil général (législatif) à la proportionnelle. La population choisirait donc toujours la composition de l’exécutif, mais plus les personnes qui y siégeraient.
Le système en place depuis 2004 a montré ses faiblesses: le pouvoir diminué du législatif l’empêche de jouer pleinement son rôle de contrepouvoir, les élections se basent de plus en plus sur l’individu plutôt que sur les idées, des «affaires» récurrentes, un système de viennent-ensuite pas du tout satisfaisant (régulièrement les têtes de file ne servent qu’à «tirer» les listes pour garantir des sièges qu’ils n’occupent pas). La coopération entre les commissions et l’exécutif s’est également affaiblie, alors même que c’est la richesse de la démocratie que de permettre la prise en compte d’avis multiples.
Un nouveau système
La proposition engendrerait que la population élise son législatif et que le résultat de ce vote donne automatiquement la configuration du Conseil communal. Ainsi, la volonté du peuple serait totalement respectée et même renforcée par un contrôle en continu sur l’exécutif et pas uniquement lors de nouvelles élections durant lesquelles les membres de l’exécutif sont tenté.e.s de faire campagne en faisant de belles promesses qu’ils ne pourront tenir, et ce au détriment de la bonne gestion de la Ville.
Le Parti socialiste et l’UDC font activement campagne contre cette proposition avec l’argument principal qu’on ne peut retirer un droit à la population. Le point est évidemment sensible, mais il faut constater d’abord que c’est au peuple de trancher.
De plus, actuellement déjà, le choix du nom est restreint. Pensons au cas fréquent des viennent-ensuite qui ne représentent pas la volonté de l’électrice et de l’électeur ou encore à l’élection du Conseil d’Etat neuchâtelois en 2017 lorsque le PS avait proposé trois candidat.e.s pour ses trois sièges ne laissant ainsi aucune vraie alternative.
Le second argument avancé est que cela conduirait à des alliances entre les partis, pourtant le fait que l’élection soit à la proportionnelle empêche cela. Seul le choix de la personne à mettre en place sera débattu, jamais la possibilité pour un parti d’occuper le siège que la population lui a octroyé.
Le populisme de la campagne du PS
Le PS a lancé sa campagne avec le slogan «ils veulent vous faire taire» avec des affiches comportant des visages dont la bouche est recouverte de rubans adhésifs. Procédé que l’on aurait découvert sans trop de surprise signé de l’UDC. La proposition de changement entend lancer une réflexion sur la représentation de la population en politique et sur le fonctionnement des institutions.
Or, le PS escamote le débat de fond en utilisant des arguments populistes. Il n’y a pas de «ils» cachés dans un coin qui souhaiteraient faire taire la population. C’est bien le peuple qui devra décider si oui ou non l’idée lui convient. De plus, le peuple choisira toujours les couleurs de son Conseil communal, personne n’est empêché de parler. En choisissant de faire une campagne digne de l’extrême-droite, le PS participe à la détérioration du débat d’idées et de l’idéal démocratique, c’est plus que regrettable.
Les Verts laissent la liberté de vote
Les Verts apparaissent partagés sur la question. Nul doute que les arrangements du PS et du PLR pour les empêcher d’accéder à l’exécutif communal en 2000 contribuent à les laisser circonspects bien que la proposition leur offrirait directement un siège.
Si ce système était en place sous la Coupole fédérale, leur résultat du 20 octobre 2019 leur donnerait de facto le siège de conseiller fédéral auquel ils ont droit. De manière assez surprenante, les Verts se demandent si le système à la majoritaire ne serait pas la solution quand bien même il favorise les grands partis et les personnes à visibilité publique. Cela permet, par exemple, au parti socialiste d’obtenir trois élu.e.s sur cinq au Conseil d’Etat neuchâtelois (60%) alors qu’il a trente-cinq sièges au parlement sur cent quinze (environ 30%).
La majoritaire est donc le système qui représente le moins la diversité du corps électoral et le moins démocratique qui soit. Pour conclure, le peuple doit se déterminer entre un système, peutêtre plus spectaculaire, mais moins fonctionnel et moins démocratique et une proposition, encore jamais expérimentée, qui, en contrepartie de l’abandon du choix de la personne qui siégerait, renforce le contrôle sur nos exécutifs et met en avant les idées plutôt que les individus. Reste à espérer qu’un vrai débat ait lieu.