Score canon pour de la Reussille et l’abstention

Neuchâtel • Les résultats des élections fédérales 2019 ont confirmé la poussée attendue des partis écologistes. Dans le canton, cette «vague verte» a également eu lieu. (Par Julien Gressot)

Denis de la Reussille et ses colistiers, Sarah Blum et Armin Kapetanovic, accompagnés par Maria Bello. (POP)

Les Verts ont obtenu 20.81% des voix à l’élection du Conseil national et ont même réussi à être en tête au Conseil des Etats (21.14%) confirmant leur progression. Les Vert’libéraux passent eux à 9,07%.

La surprise provient de la perte du siège du parti socialiste (PS) au Conseil des Etats au profit de Céline Vara, qui devient du même coup la première femme verte sénatrice. Elle y siégera aux côtés du PLR Philippe Bauer.

Au Conseil national, les quatre sièges ont été attribués à Damien Cottier (PLR), Fabien Fivaz (Verts), Baptiste Hurni (PS) et Denis de la Reussille (POP). L’UDC neuchâteloise perd sa place acquise en 2003 et ne sera plus représentée sous la coupole fédérale.

Razzia dans les Montagnes

Le POP neuchâtelois est parvenu à préserver le mandat de Denis de la Reussille grâce à ses 12,06% et au succès de l’apparentement PVS (POP, Verts et Solidarité) qui atteint presque 35% des suffrages. Le score canon du parti au Locle (32.21%) et à La Chaux-de-Fonds (24.41%), où il arrive en tête des partis comme à La Chaux-du-Milieu et aux Brenets, lui a permis de maintenir son élu.

La popularité de Denis de la Reussille, le travail de terrain des militant.e.s et des élu.e.s et l’opposition claire aux politiques néolibérales portent leurs fruits. Le parti socialiste subit une défaite cinglante au Conseil des Etats. Il affiche un recul dans un grand nombre de communes (seule Valangin voit le parti socialiste en tête des suffrages).

Plusieurs facteurs se combinent certainement pour expliquer cette déroute, à commencer par la politique d’austérité menée au niveau cantonal depuis de nombreuses années et le pari perdu de présenter deux femmes.

Le fait que Didier Berberat, élu socialiste sortant au Conseil des Etats qui ne se représentait pas, n’ait pas laissé sa place en fin de législature pour préparer la relève est également pointé du doigt, créant un certain remous au sein du parti à la rose.

L’UDC obtient 12,66% en comptant la liste des jeunes et poursuit sa régression. Les tensions entre le président du parti cantonal, Walter Willener, et le candidat Yvan Perrin, qui a annoncé son retrait de la vie politique, ont crevé l’écran en cette fin de campagne.

Des pronostics erronés

Le journal Arcinfo a annoncé à plusieurs reprises que les élections au Conseil des Etats ne comportaient aucun suspense autre que de savoir le nom de l’élue socialiste qui siégerait sous la coupole (Silvia Locatelli ou Martine Docourt Ducommun). Comme dans de nombreuses votations ou élections, l’échec des pronostiqueurs devraient les encourager à conserver une certaine retenue et se contenter de présenter les informations nécessaires pour que la population puisse se déterminer librement sans surreprésenter les candidat.e.s des partis majoritaires. Cela contribuerait à limiter le sentiment d’impuissance d’une partie grandissante de la population qui se déplace de moins en moins aux urnes.

L’abstention sort en effet grande vainqueur de ce scrutin puisqu’à peine plus de quatre électrices et électeurs sur dix se sont rendu.e.s aux urnes (40,17% contre 41,79% en 2015 pour le Conseil national et seulement 35.71% pour le Conseil des Etats, où les personnes possédant un permis C peuvent voter). C’est donc moins de la moitié de la population qui a pris part à ces élections. Les élu.e.s l’ont finalement été au mieux par une personne sur dix ayant le droit de vote (à peine plus de 7% pour le Conseil des Etats). Et ce alors même que les mobilisations citoyennes de l’année 2019 auraient pu laisser penser à un regain d’intérêt pour la chose publique.

De quoi s’interroger sur la santé de notre système démocratique.