Pas de hausse d’impôts au Locle

Neuchâtel • Les électeurs du Locle ont refusé la hausse d’impôts soumise en votation ce 19 mai

L’appel de Denis de la Reussille exprimé dans notre article de la semaine dernière n’a pas suffi et la réalité l’a emporté. Les Loclois et Locloises ont refusé par 62% des voix et une participation de 38% la hausse d’impôts, qui devait passer de 69 à 71%. L’intérêt individuel passe encore et toujours avant l’approche globale.

Dans un communiqué, les autorités communales regrettent ce résultat, mais assurent que leur travail va continuer. Pour elles, la situation financière de la commune reste épineuse dans tous les cas, mais elle le sera davantage à la suite de cette votation.«Il faudra œuvrer avec tact pour rétablir un équilibre financier pour la Ville», estiment-elles. En conséquence, l’exécutif poursuivra ses efforts pour avoir les finances les plus saines possibles, tout en cherchant à maintenir le rayonnement et le dynamisme de la commune. Il tient à relever «la maturité politique dont les électrices et les électeurs loclois ont fait preuve tout au long du débat de ces dernières semaines. Bien que l’objet soumis au vote comportait une forte composante émotionnelle, le débat est resté serein et relativement pondéré et cette sérénité sera nécessaire dans les défis que la Ville devra aborder dans un proche avenir», précise-t-il.

Les collectivités publiques à la peine

De son côté, la section locale du POP prend acte des résultats du vote de la population et exprime sa déception face aux Locloises et Loclois qui n’ont pas suffisamment pris en compte les importants efforts fournis par les autorités pour assainir le budget du ménage communal. Dans son communiqué, le parti constate que, depuis plusieurs années, «le PLR joue un jeu vicieux et sournois à tous les niveaux, tant fédéral, cantonal que communal, en accumulant les cadeaux fiscaux accordés à ceux qui ont le plus de moyens. Ceci empêche les collectivités publiques d’assumer leur rôle de redistribution des richesses. Il en résulte que la qualité de vie des plus modestes s’en trouve fortement diminuée». En conclusion, le POP craint que tout cela ne conduise à terme à une exacerbation de la concurrence entre les personnes, synonyme de violence sociale.

La votation passée, il est probable qu’une partie de la population crie contre certaines baisses de prestations oubliant d’où vient le mal. Même et ironiquement les libéraux s’élèveront vigoureusement contre d’éventuelles baisses publiques si elles touchent des intérêts proches de leur sensibilité politique. Ainsi va la vie!

 

La dérive néolibérale est complète dans le canton

Commentant les résultats des votations, ArcInfo titre «Ouf de soulagement neuchâtelois après le oui au projet fiscalité – AVS». Laurent Kurth, responsable des finances, est lui aussi heureux des résultats des scrutins fédéraux, largement soutenus dans le canton avec plus de 70% de oui. Cette décision permettra au canton la mise en œuvre notamment de la réforme fiscale et de la nouvelle péréquation que le Grand conseil vient d’adopter contre les voix de députés PopVertsSol. Il y voit un renforcement de la ligne politique (au service des plus riches) et se montre très satisfait que Neuchâtel soit en avance sur Genève.

Curieusement, dans le même numéro un article est intitulé «Le mal neuchâtelois est-il une fatalité?». Le texte souligne que le canton souffre alors que son économie pète le feu. Neuchâtel possède un PIB qui se trouve être le deuxième de Suisse romande alors que les finances de l’Etat mettent le canton dans l’une des dernières places des classements. Dans une telle situation, il est habituel de donner la parole à un expert. En l’occurrence, il s’agit d’Olivier Crevoisier, professeur d’économie territoriale à l’université de Neuchâtel.

Pour lui, le mal provient de l’explosion de la mobilité, car un grand nombre de dépenses qui stimulent l’économie ne sont plus systématiquement effectuées sur le territoire où se trouvent les emplois. La solution serait de favoriser une économie de la présence par des commerces et des événements attirant un grand nombre de personnes. Pour l’expert, il s’agit de stimuler l’économie liée à la dépense.

Pas question de s’interroger sur les autres raisons d’une telle dérive. Pourquoi? Un début de réponse se trouve dans les propos de Bernard Maris écrit en 2003 dans un petit livre à lire avec délectation, Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles. Dans le chapitre consacré aux experts, il dit: «l’expert n’est là que pour justifier celui qui le paye. Seul le falsificateur et l’ignorant, pour des raisons différentes, ont besoin de l’expert». L’économie au-dessus de tout, le capitalisme comme seul modèle, ouf de soulagement!