Certes, il ne reste que trois jours, mais venez au Salon du livre! D’abord, vous pourrez passer me dire bonjour à mon stand des Editions des Sables (à l’intérieur du «Cercle», qui regroupe 28 petites maisons d’édition et petites librairies, F 690), où je vous présenterai mes 15 parutions du printemps: 11 recueils de poèmes et 4 livres de prose. Dont celui de Melilé Oymak, 19 ans, «Françoise Sagan suisse romande», qui a participé le 2 mai à une table ronde sur les jeunes auteur-e-s et les premiers romans. Il y a également, sur cette «place de village», un bar sympa et une scène où il se passe de chouettes événements littéraires.
Isabelle Falconnier, présidente du Salon du livre de Genève pendant 7 ans, l’a quitté en 2018 pour rejoindre la Fête des Vignerons en tant que déléguée éditoriale et médias. C’est un duo qui assure cette année la présidence: Eric Fottorino, journaliste et écrivain, et Lydie Salvayre, écrivaine française, lauréate du prix Goncourt en 2014 pour Pas pleurer (Seuil), traitant des rapports avec sa mère, dans le contexte de la guerre d’Espagne. Elle n’est que la 11e femme lauréate sur 115, la première fut Elsa Triolet en 1944. Simone de Beauvoir le reçut en 1954 pour Les Mandarins. La grande Colette ne l’a pas obtenu…
Pour cette 33e version, l’hôte d’honneur est la Fédération Wallonie-Bruxelles. Sous le titre «Lisez-vous le belge?» participent 40 maisons d’édition et 38 auteur-e-s; de nombreuses activités ont lieu sur son stand de 500 m2, comme des ateliers pour enfants. Un mur invite à y laisser un dessin; l’exposition «1,2,3… maisons» propose un parcours dans l’édition de jeunesse belge par 8 illustrateurs. On trouve également l’incontournable Salon africain, une dizaine de scènes: bien vivre, suisse, voyage, polar, BD (dont Tchô! avec Titeuf et sa bande)… La remise de plusieurs prix littéraires, des restaurants pour se sustenter au milieu de la journée: chalet suisse, africain, cultures arabes, francophonie, espace food truck et pour étancher sa soif: Blabla bar, bar la plage, le bar à bières belges.
Choix féministe pour le week-end:
A l’intérieur du «Cercle»
Samedi 11-13h: Les Ed. Encre fraîche remettent pour la 10e fois leur prix de la nouvelle (un recueil contient la vingtaine des textes retenus), apéro.
16h «Personnages féminins: projections»
17h «Et si Titeuf était une fille? Inclusion et diversité dans la littérature jeunes»
Dimanche 15h «Le prix de la Société Genevoise des Ecrivain-e-s: un plus pour la littérature» avec 3 lauréat-e-s, dont Stéphanie de Roguin, poète, publiée par les Ed. des Sables.
16h «Des sorcières et des monstres»: Figure de la sorcière, qui sont ces femmes érudites, soignantes, dangereuses pour les pouvoirs établis de l’église et des hommes? Pourquoi méritent-elles d’être suppliciées?
Stand Wallonie
Samedi 12h «Insoumises» par 3 autrices. 14H «Ecrire l’exclusion» pour celles et ceux qu’on a privé de paroles.
Dimanche 13h «Bats-toi comme une fille: les récits initiatiques».
Scène philo
Samedi 14h rencontre entre deux auteures qui, chacune à sa manière, ont réfléchi sur la place de la femme – son corps, sa pensée, ses pouvoirs – dans la littérature contemporaine. Avec Lydie Salvayre et Fabienne Jacob.
Scène des imaginaires
Dimanche 16h «Féminisme et conte», Carole Trébor et Anne-Fleur Multon viennent présenter leur livre La revanche des princesses, dans lequel les contes sont revisités pour donner le pouvoir aux femmes.
En tant que journaliste indépendante, j’ai couvert le Salon du livre depuis ses débuts, d’abord pour Le Peuple valaisan, puis pour Gauchebdo. Pierre-Marcel Favre l’a créé en 1987 et présidé pendant 23 ans, jusqu’en 2010. A la fin de chaque conférence de presse, je relevais le manque de femmes, parmi les représentants de la grande exposition (une seule femme en 23 ans: Léonor Fini), la majorité des auteurs invités, les thématiques, etc. J’agaçais PMF autant que les organisateurs et les partenaires, à tel point que pour les dernières conférences sous son égide, on ne donnait plus la parole aux journalistes! Je dois reconnaître que les dernières années de son règne étaient moins phallocentriques, il y avait quelques espaces féminins, pour ne pas dire féministes. Ma parole avait peut-être semé quelques graines…
Il y eut un changement visible lorsqu’Isabelle Falconnier reprit les rênes en 2010. Un air de fraîcheur soufflait sur le Salon du livre, avec ses allées plus spacieuses, la blancheur des bancs, panneaux, objets utilitaires, l’évacuation des boutiques de bimbeloteries, l’accent mis sur la littérature… et sur les femmes! On en rencontrait partout, parmi les responsables, les modératrices des scènes, les auteures invitées, les sujets. Enfin, la moitié du public (la majorité des lecteurs sont des lectrices) était représentée, avait droit au chapitre, à la parole, au débat… A la fin de la conférence de presse du 17 avril, comme lors des précédentes, je n’ai pas levé la main: j’étais comblée. Durant l’apéro, je me suis approchée de Silvie Philippart de Foy, qui nous avait parlé avec un enthousiasme communicatif du stand Wallonie-Bruxelles, pour lui raconter le sexisme du début. Elle était entourée de collaboratrices (les 5 responsables sont des femmes!) Elles se sont écriées d’une seule voix qu’elles avaient prêté une attention particulière à respecter la parité parmi les auteur-e-s invité-e-s. Finalement, à cause des empêchements et désistements, les femmes sont majoritaires: 21 sur 38. Elles semblaient fières du résultat, dont je les ai félicitées.
Les co-président-e-s sont entouré-e-s par Laurence Brenner, directrice du Salon du livre, Nine Simon, responsable de la programmation culturelle, Maud Couturier, responsable médias, Delphine Hayim, responsable du volet professionnel… rien que des femmes! Les hommes vont-ils se sentir exclus? Comme les femmes le sont partout depuis la nuit des temps… Personnellement, je défends et défendrai toujours la parité, dans tous les domaines, politiques, industriels, artistiques, scientifiques, sportifs, médiatiques, dans toutes les instances où se prennent les décisions, afin de construire un monde égalitaire. C’est aussi une des revendications de la Grève féministe du 14 juin 2019. Le jour où nous l’aurons obtenue, nous n’aurons plus besoin d’intervenir. Ça nous reposera!