Louis Agassiz est né à Môtier dans le canton de Neuchâtel le 28 mai 1807. Il fut un des premiers scientifiques de renommée mondiale. Sa notoriété est largement célébrée dans l’espace public en Suisse: des rues de villes portent son nom, comme à Lausanne, son buste trône à l’Université de Neuchâtel et il existe même un Pic Agassiz dans l’Oberland bernois!
Au-delà de ses recherches scientifiques, un autre aspect de cette personnalité est moins reluisant. Des membres du POP de la section neuchâteloise ont examiné plus en détail l’évolution de ce personnage. Sur la base de plusieurs études d’historiens, comme Hans Fässler (Saint-Gall), auteur d’Une Suisse esclavagiste. Voyage dans un pays au-dessus de tout soupçon, ou encore de Hans Barth (Fribourg), ils ont découvert des propositions racistes chez le scientifique. En conséquence, ils proposent à la ville de mettre en place des plaques explicatives, qui ne dissimulent pas le racisme de ce chercheur sur les «monuments» dédiés à Louis Agassiz dans l’espace public en Ville de Neuchâtel. Ils souhaitent que la réalité soit connue du public.
Martha Zurita, représentante du POP au législatif de la ville, a déposé en ce sens une interpellation, signée par plusieurs membres du groupe PopVertsSol. L’élue popiste rappelle que l’appellation Louis Agassiz pour la rue et l’Espace situés sur le campus de la Faculté des lettres et sciences a été décidée alors que la personnalité du scientifique n’était pas encore ouvertement controversée, du moins pas à Neuchâtel. Aux Etats-Unis, où il a émigré en 1846, sa sulfureuse réputation était connue depuis les années 1960. Aujourd’hui, à la suite de diverses publications sur sa vie et son œuvre, il est démontré qu’Agassiz était un des plus importants racistes «scientifiques» du 19ème siècle et un précurseur de la pensée raciale nazie et de l’idéologie ségrégationniste et d’apartheid.
Contre le métissage
Dans son intervention, Martha Zurita rappelle qu’Agassiz a développé un classement raciste des êtres humains, en se posant même la question de savoir si les Noirs relevaient de cette espèce. Il a aussi soutenu qu’aux Etats-Unis il fallait éviter les contacts entre Noirs et Blancs, en parquant les premiers dans les Etats du Sud. Il considérait que les métissages devaient être interdits.
Outre la pose de plaques explicatives dans l’espace public, elle demande si le Conseil communal serait prêt à intervenir auprès de l’Université pour qu’elle appose un panneau d’explication sous le buste d’Agassiz qu’elle détient. A l’image du Musée d’histoire naturelle.
En résumé, Martha Zurita et les cosignataires de l’interpellation soulignent que le nom de Louis Agassiz porte en lui une vision raciste et des valeurs totalement contraires à celles de la dignité humaine et de l’égalité de tous les êtres humains qui figurent dans les Constitutions fédérale et cantonale. Le fait que deux lieux publics rendent hommage à ce personnage controversé mérite une adaptation aux connaissances actuelles pouvant même aller jusqu’au retrait des objets en question.
Enfin, la popiste souligne que les nombreuses et dernières manifestations antiracistes organisées par la Ville de Neuchâtel depuis quelque temps sont louables, mais insuffisantes car elles ne touchent qu’une très petite part de la population alors que l’évocation d’un personnage dans des lieux publics est visible toute l’année et diffuse une image trompeuse d’un personnage complexe.
C’est avec un grand intérêt que la réponse de l’autorité communale est attendue
