Le Parti social-démocrate russe, dans lequel Lénine prit immédiatement un rôle dirigeant, se constitua en 1898. En 1903, la publication par Lénine d’une brochure intitulée «Que faire?», allait jouer un grand rôle dans l’avenir du mouvement social-démocrate russe. Il y examinait les problèmes posés par l’organisation d’un parti révolutionnaire: recruter massivement et viser l’obtention d’une majorité d’électeurs, comme y travaillait la social-démocratie allemande, ou constituer une organisation de révolutionnaires professionnels, structurés comme dans une armée? L’accord ne put se faire entre les tenants des deux options: ceux d’un parti centralisé de cadres devinrent majoritaires (bolcheviks) dont se séparèrent les minoritaires (mencheviks).
Leurs divergences en matière d’organisation s’étendirent, dès 1905, aux problèmes de la tactique révolutionnaire et des objectifs et débouchèrent, en 1912, sur la scission du parti. Pour Lénine, principal inspirateur des bolcheviks, c’est de l’extérieur, par les intellectuels porteurs de la connaissance, que la classe ouvrière doit acquérir une conscience et une théorie révolutionnaire qui seule peut l’amener à l’action révolutionnaire. Cela suppose donc un parti d’avant-garde, qui tout en s’appuyant sur les masses ne doit pas se confondre avec elles; mais en se gardant de la tentation putschiste. Une conception de la lutte révolutionnaire que l’on a souvent opposée à celle de Marx, qui exprime sa confiance en classe consciente d’elle-même, de ses intérêts propres, c’est-à-dire en partie par un processus auto engendré dans et par la lutte.
On peut cependant aussi faire remarquer que son Manifeste communiste déclarait: «Pratiquement, les communistes sont la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui entraîne toutes les autres: théoriquement ils ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien».