Gauchebdo compte sur le soutien de ses lecteurs! Pour payer votre journal ou nous soutenir par un don ou un abonnement, rendez-vous ici.
Les finances neuchâteloises sont au plus mal. Le canton a présenté son budget 2018, qui prévoit un déficit de 66 millions. Celui-ci ne respecte pas le frein à l’endettement et devra donc être adopté à la majorité qualifiée, faute de quoi une hausse automatique de 10 points d’impôts pour les personnes physiques est prévue.
Les difficultés du canton proviendraient selon ses autorités notamment d’une mauvaise conjoncture, qui engendre une baisse des recettes fiscales. Peut-être. Mais comment ne pas y voir également l’effet de la réforme qui a vu le taux d’imposition des entreprises passer de 22,2% à 15,6% entre 2010 et 2016? Si les observateurs ne s’accordent pas tous sur cette relation de cause à effet, ils admettent du moins que la réforme a conduit à une péjoration de la situation du canton, devenu perdant dans la péréquation financière fédérale.
Mais regarder ailleurs peut aussi s’avérer instructif. Zoug, Schwyz et Lucerne se sont également aventurés dans le dumping fiscal, avec des entreprises imposées aux alentours de 12 à 15%. Où en sont-ils? Lucerne a défrayé la chronique pour ses coupes drastiques dans les services publics, notamment une semaine de vacances en plus imposée aux écoles, ou le remboursement de subsides maladie demandé à ses citoyens. Et chacun des trois cantons a réintroduit ou tente de réintroduire des hausses d’impôts, histoire de faire face à des trous financiers béants. Simple coïncidence?
A Neuchâtel, la réforme initiée en 2010 devait s’accompagner d’une baisse des impôts des personnes physiques, mesure gelée depuis un bout de temps. Et on voudrait aujourd’hui que les citoyens passent encore à la caisse, soit par une hausse d’impôts automatique, soit via de nouvelles coupes dans les services publics qui ne manqueront pas de tomber en cas d’adoption du budget.
Partout, la majorité de la population fait les frais de cette politique. Pourtant, les solutions existent. La jeunesse socialiste a lancé cette semaine une initiative intitulée «99%», qui veut imposer à 150% les revenus du capital au-dessus d’un certain seuil. Elle invite à repenser totalement la question de la répartition de la charge fiscale. Plutôt que de faire payer les petits et moyens salaires, elle veut, le plus simplement du monde – même si la droite tente de faire passer cela pour une lubie – «aller chercher l’argent là où il se trouve».
Face au constat d’échec de la logique visant à privilégier les riches dans le vain espoir que ceux-ci réinvestissent leur argent au profit de tous, logique d’ailleurs rejetée par la population lors du vote sur la RIEIII, voilà un projet simple et clair qui propose d’inverser la tendance.