En présentant un ticket à trois pour le Conseil d’Etat, le même qui l’avait conduit à la débâcle en 2013, le Parti socialiste genevois (PSG) ambitionne de reconquérir un deuxième siège au Conseil d’État, où il n’en occupe actuellement qu’un seul. Les candidats désignés sont Anne Émery-Torracinta (Conseillère d’État sortante), Thierry Apothéloz (maire de Vernier) et Sandrine Salerno (membre de l’exécutif en Ville de Genève). Par ce choix, le PSG donne l’impression de naviguer en tanguant: un coup de barre à gauche avec sa prise de position contre le projet de prévoyance vieillesse 2020, un coup de barre à droite, en écartant la Conseillère administrative à Onex Carole-Anne Kast, la seule candidate dont le socle électoral s’étend du centre à l’extrême gauche.
Tout s’est joué le matin du samedi 13 mai. Le PSG est réuni, sous tension palpable, en assemblée générale pour désigner ses candidat.es au Grand Conseil et au Conseil d’Etat. Six poids lourds se disputaient les places sur le ticket pour l’exécutif: outre les trois désignés ainsi que Carole-Anne Kast, Carlo Sommaruga, Conseiller national et Romain de Sainte Marie député au législatif cantonal, étaient également candidats.
Le premier clivage opposait en débat leur nombre: fallait-il y aller avec deux et assurer à tout prix la récupération d’un deuxième siège, tenter le coup à trois et laisser la droite décider lors du 1er tour ou se présenter à quatre candidats et laisser le peuple choisir? Le débat fut confus, aussi bien dans la forme que dans le fond. En dernière intervention remarquable, Pascal Holenweg, Conseiller municipal en Ville de Genève lançait une proposition ubuesque et étonnante: présenter les six candidats devant le peuple lors du premier tour, comme s’il s’agissait des primaires socialistes. Ensuite de quoi le PSG choisirait 2, 3 ou 4 candidats pour y aller au 2ème tour.
Un agacement non dissimulé
L’option retenue finalement provoque un second clivage: elle ne présente aucun candidat qui s’était opposé à la RIEIII, pas davantage qu’en défense des locataires ni en articulation avec les syndicats.
Derrière une unité de façade, quelques ténors ne cachent d’ailleurs pas leur agacement ouvertement dans les pages des journaux locaux. Ainsi le député Alberto Velasco affirme dans la Tribune de Genève que «l’aile gauche du parti a été laminée» et dénonce carrément des «magouilles au sein du PSG». En cause, un nombre anormal d’adhésions de dernière minute au parti. «Une quinzaine de bulletins d’adhésion ont par exemple été écrits par la même personne. C’est plus que suspect et je vais exiger qu’une enquête soit menée par le parti pour éclaircir cela. Il y a des choses que l’on ne peut laisser passer. C’est une méthode très stalinienne que de phagocyter ainsi une assemblée», déclare-t-il encore au quotidien genevois. Pascal Holenweg avait lui aussi lancé un vibrant appel pour redonner du sens au mot socialisme.
Reste à voir comment la campagne va se dérouler et ce que donneront les négociations avec les Verts et avec les 6 ou 7 partis (!) de la gauche de gauche. Rendez-vous au 15 avril 2018 pour le premier tour.