La fin de l’exception vaudoise?

Il faut le dire • Récemment, j’ai rencontré un jeune kosovar qui habite dans ma région. Il remplit toutes les conditions pour que, s’il vivait dans le canton de Genève, il puisse bénéficier de l’initiative dite «Papyrus» de régularisation...

Récemment, j’ai rencontré un jeune kosovar qui habite dans ma région. Il est venu une première fois en Suisse en 1999, âgé d’à peine 20 ans. Après la guerre, il a dû retourner dans son pays, n’ayant pas obtenu le statut de réfugié. Là-bas, il n’a pas trouvé de travail (le chômage dépasse le 50%), et il s’est senti menacé par des factions rivales de l’ancienne UCK, voyant deux de ses parents proches être abattus froidement en pleine journée et en toute impunité. Il a fui le pays, d’abord en Italie, mais est revenu en 2006 dans le Chablais, car c’est là que résident la plupart des membres de sa famille élargie.

Il y travaille, au gris, paie son AVS et ses impôts, a un appartement et même une voiture à son nom. Sa femme le rejoint en 2007 et ils ont 2 enfants dont l’un né récemment. C’est dire qu’il remplit toutes les conditions pour que, s’il vivait dans le canton de Genève, il puisse bénéficier de l’initiative dite «Papyrus» de régularisation. Mais il habite le canton de Vaud, et il est «définitivement» débouté. Une pétition déposée au Grand Conseil a même été refusée par la majorité de droite, qui bombe le torse avant les élections cantonales d’avril.

Cette histoire, qui n’a pas encore connu son épilogue, est révélatrice de la passivité du gouvernement à majorité dite de gauche durant la législature qui s’achève en ce qui concerne l’accueil des demandeurs d’asile et la régularisation des sans-papiers. Il a laissé le conseiller d’Etat PLR Philippe Leuba gérer seul ce dossier, lui donnant de plus l’opportunité de présenter une modification de la loi d’application cantonale de l’asile et donnant ainsi à la droite majoritaire l’occasion de la durcir tout récemment. Il a également laissé le conseiller d’Etat Pascal Broulis, également PLR, être un des protagonistes de la RIE III cantonale et même fédérale. C’est dire que ce gouvernement, au lieu de défendre une ligne clairement ancrée à gauche et verte comme sa majorité pouvait nous le faire espérer, a pris des décisions qui tiennent plus de l’opportunisme politique.

C’est ce qu’il faudra avoir en tête lorsque l’on votera le mois prochain. Si la gauche n’est pas renforcée, en particulier au parlement, une opération papyrus vaudoise sera difficile…et ce sera la fin de l’exception vaudoise en matière d’asile.