Les paysans sont en colère face à la réduction des aides et paiements directs que le gouvernement leur avait promis. Nous ne pouvons que soutenir cette colère, mais en espérant que la dégradation de leurs conditions de travail leur permette de mieux comprendre les responsabilités de ces mesures dramatiques.
Ce sont les libéraux et l’UDC qui exigent la baisse des dépenses publiques dans tous les domaines y compris dans le monde paysan. Directeur de l’Union suisse des paysans (USP), le libéral Jacques Bourgeois est venu protester avec «ses» troupes, mais il ne changera pas d’orientation au sein de son parti et cette tromperie ajoute à la confusion et empêche de savoir qui tire les ficelles de la dégradation sociale et économique rurale. Lorsque l’on sait que la majorité d’entre eux votent précisément UDC et PLR, il serait temps que l’approfondissement des causes de leur désespoir se fasse.
Conseiller d’Etat vaudois libéral, Philippe Leuba affirmait dans un des derniers numéros de l’hebdomadaire «Terre et nature» qu’il avait les recettes pour sortir les paysans de leurs difficultés. Ses propositions passent par une augmentation de la productivité. Toujours la même rengaine: produire davantage, plus vite avec moins de monde, à meilleur prix, en s’endettant pour agrandir les exploitations pour se retrouver libre sur ses terres. Quelle tromperie de collégien.
Pour nous, l’avenir de l’agriculture et de notre alimentation ne passe pas par un accroissement de la production standardisée façonnée par des accords multilatéraux ou bilatéraux et la richesse comme unique objectif pour le paysan, mais par une production diversifiée, basée sur le principe de la souveraineté alimentaire, rémunérée alors à son juste prix. La politique agricole doit tenir compte des ressources naturelles, sachant que la croissance économique illimitée constitue la principale cause de la dégradation de l’environnement.
Il faudra bien un jour trancher sur ces questions fondamentales et mettre en œuvre un changement radical dans notre production et consommation, en redéfinissant notre conception du bien-être qui ne peut pas être seulement tributaire de la course à la richesse.