Migration: le mépris de classe comme réponse aux craintes?

Il faut le dire • L’autre jour, sur les réseaux sociaux, l’un de mes amis s’en prenait à «certains de nos concitoyens». Il avait produit une sorte de compilation des citations les plus choquantes qu’il avait trouvées ici et là à propos des migrants, et concluait sur l’air du «comme cela a toujours été le cas, la Suisse est un pays de fachos qui refoule les réfugiés». Mon ami fait partie de ce qu’on appelle la classe moyenne supérieure...

L’autre jour, sur les réseaux sociaux – ah! les réseaux sociaux – l’un de mes amis s’en prenait à «certains de nos concitoyens». Il avait produit une sorte de compilation des citations les plus choquantes qu’il avait trouvées ici et là à propos des migrants, et concluait sur l’air du «comme cela a toujours été le cas, la Suisse est un pays de fachos qui refoule les réfugiés».

Mon ami fait partie de ce qu’on appelle la classe moyenne supérieure. Après une formation universitaire, il a pu accéder à un métier intellectuel et est aujourd’hui un travailleur hautement qualifié dans le secteur pharma. Gagnant bien sa vie, il a, dès l’âge de trente-cinq ans, pu acheter le petit quatre pièces dans lequel il vit avec sa femme, cadre à l’Etat de Vaud, et leur fille. C’est une jolie PPE, située dans un village tranquille du grand-Lausanne. Aux dernières nouvelles, il votait socialiste.

Très bien formé, mon ami n’a aucune crainte pour son emploi: il est impossible qu’il soit licencié pour être remplacé par un ouvrier au black acceptant le même travail pour la moitié de son salaire. Peut-on en dire autant de tous les travailleurs en Suisse?

Propriétaire depuis trois ans, mon ami n’a aucune crainte pour son loyer: que l’arrivée de nouveaux habitants, dans le cadre de la libre-circulation ou marginalement de l’asile, puisse exercer un effet mécanique à la hausse sur les loyers le concerne peu. Et même s’il était resté locataire, avec ce qu’il gagne, ce n’est pas quelques dizaines ou centaines de francs de plus par mois qui plomberaient le budget.

Mon ami peut donc, confortablement, exercer son mépris de classe envers le petit peuple «xénophobe», lui qui, ni au travail, ni dans son quartier, ni dans ses activités sociales et culturelles n’a jamais croisé ni parlé à une seule personne réfugiée de toute sa vie.

L’injure, le mépris de classe ou le paternalisme à l’égard des Suisses qui, souvent de manière irrationnelle, expriment leurs craintes face aux migrants sont non seulement inutiles, mais contre-productifs. On voudrait pousser ces gens dans les bras de l’UDC qu’on ne s’y prendrait pas autrement.