La co-présidente des Verts ne veut pas qu’on construise trop près de sa villa et de son jardin.
On apprend par un article du
Matin que la co-présidente des
Verts suisses et conseillère nationale
Adèle Thorens a perdu un procès
l’opposant à la ville de Lausanne. La
brillante politicienne souhaitait en effet
empêcher la construction de deux maisons
à proximité de la parcelle qu’elle
habite dans les hauts de la ville, au
motif que les constructions prévues lui
feraient de l’ombre, ou plutôt en projetteraient
une contre sa propre maison
« solaire », réduisant ainsi l’énergie reçue
par sa façade vitrée.
Un petit détour quelque peu indiscret
par Google Maps a permis à votre
serviteur de constater que l’élue avait
choisi son lieu d’habitation avec goût :
un charmant quartier de villas à l’aspect
presque campagnard, où le vert des
haies de thuyas le dispute au turquoise
des piscines. Sans aucun doute tranquille,
aussi éloigné du centre-ville et de
ses problématiques que possible,
proche du M2… c’est une perle rare !
Reste qu’on se rappelle du discours
fort pertinent des Verts en faveur de la
densification lors de la récente votation
sur la LAT : faudrait-il comprendre que
Mme Thorens n’applique pas à ellemême
ce qu’elle exige des autres, ces
sans-panneaux-solaires qui grouillent
en contrebas, de l’autre côté de l’autoroute
A9 ?
Il y a tout de même quelque chose
d’assez pénible à entendre régulièrement
l’élue exiger, du haut de sa parcelle
plus ou moins ensoleillée, que le bas
peuple soit densifié. Car est-il vraiment
rationnel, pour deux personnes, d’habiter
une maison individuelle au milieu
de 1’000m2 de terrain ? Quel serait l’impact
sur les zones à bâtir si tous les
Suisses souhaitaient et pouvaient vivre
dans des villas individuelles, aussi
Minergie-P soient-elles ?
Il n’y a rien de choquant à habiter
une belle maison avec du terrain. La
propriété, l’espace et le calme sont des
aspirations tout à fait louables et légitimes.
Plus problématique est, me
semble-t-il, de faire s’arrêter au portail
d’entrée les principes qu’on entend
imposer aux autres, à plus forte raison
lorsqu’on dirige un parti comme les
Verts.
Au-delà des considérations écologistes,
qu’on nous permette enfin
d’ajouter que par son procès contre la
ville, Madame Thorens bloque depuis
plusieurs années la construction de
nouveaux logements. Que la co-présidente
des Verts ne soit pas concernée
par la pénurie d’appartements est une
chose, peut-être pourrait-on néanmoins
l’enjoindre respectueusement à
ne pas contribuer à son aggravation ?