Au début du mois d’avril, le conseiller d’Etat François Longchamp s’est félicité de la signature du millième emploi de solidarité (EdS). Un succès de la politique genevoise de réinsertion ? « Les EdS visent à créer des emplois à basses qualifications et bas salaires, là où l’administration publique se retire de plus en plus (petite enfance, assistance à la vie scolaire ou aux personnes âgées, etc.), et ils obligent les bénéficiaires à s’installer durablement dans la pauvreté, sans perspective de requalification », ont dénoncé à l’occasion les syndicats SIT et Unia.
3’225 francs brut pour un plein temps
Destinés aux chômeurs en fin de droits, les EdS sont créés dans des organisations, privées ou associatives, à but non lucratif, l’Etat prenant en charge de 50 à 80% des salaires. Ceux-ci se montent entre 3’225 francs, pour les personnes sans qualification, et 4’225 francs brut seulement pour un plein temps. « Le secteur d’activité qui emploie le plus grand nombre d’EdS est celui relevant des services aux personnes (34%). Par exemple, garde d’enfants par les accompagnantes à domicile de Chaperon Rouge (Croix-Rouge) ou Mary Poppins (Pro Juventute), ou aide dans l’accompagnement socio-éducatif des handicapés aux EPI. Nombre d’entreprises comme la Croix-Rouge et les EPI ne s’y trompent pas et créent toujours plus d’EdS. Il y a donc une vraie concurrence entre les EdS et les emplois dit « ordinaires » », souligne le SIT dans son journal. « 36% des EdS effectuent des activités manuelles, dont une bonne part au centre de tri de la Croix-Rouge. Là, elles trient des sacs d’habits de 25 kilos dans lesquels se mêlent des déchets en tout genre – des couches usagées, par exemple. Le métier est donc difficile et les protections sanitaires inadaptées », dénonce le syndicat.
Au printemps 2011, seul 5% des personnes en EdS avaient retrouvé un emploi moins précaire.