Les grévistes de l’hôpital cantonal restent mobilisés

La grève lancée le 10 novembre par les nettoyeurs et les laborantins des HUG continue à battre son plein.

La grève lancée le 10 novembre par les nettoyeurs et les laborantins des HUG continue à battre son plein.

Tous mégaphones et drapeaux rouges du syndicat SSP dehors, près de 120 grévistes de labos et 170 du service nettoyage sont montés le 23 novembre en Vieille-Ville. Avec un objectif : exiger que le gouvernement ouvre des négociations avec les deux catégories de personnel pour une revalorisation de leur statut. Pour l’heure, le gouvernement persiste et signe et fait la sourdre oreille, se refusant à toute négociation et se retranchant derrière le projet SCORE de réévaluation générale des fonctions qui devrait voir le jour en 2013. Face à ce mutisme, les laborantins et nettoyeurs ont décidé de reconduire la grève. Le jour d’avant, la direction des HUG avait même essayé de couper le front d’opposition en deux, en proposant de négocier avec les nettoyeurs, à condition que les laborantins cessent leur grève. « Du chantage », selon Yves Mugny, secrétaire du syndicat SSP. En assemblées, le personnel avait rejeté cette « ouverture ».

83 médecins soutiennent le mouvement

Réunissant la presse avant la manifestation devant le siège du gouvernement, Yves Mugny a rappelé la légitimité des demandes des grévistes. Les nettoyeurs attendent une revalorisation de leur statut depuis 13 ans, les laborantins depuis 10 ans. Leurs demandes ont aussi été faites dans les temps, à savoir avant le lancement de SCORE en décembre 2010. « La direction des Hôpitaux a même fait savoir que les laborantins avaient déposé une demande le 8 août 2010 », rappelle le syndicaliste. Il a aussi expliqué qu’à Genève, la différence entre infirmières et laborantins était de trois classes, alors que dans le Canton de Vaud, elle l’était d’une seule.

Dans le même temps, le soutien aux grévistes s’élargit, d’autant plus qu’ils ont su gagner l’appui de la population en organisant une collecte de sang dans leurs rangs en fin de semaine passée. « Près de quarante grévistes ont participé à l’action. Les hôpitaux étaient débordés par les donneurs », se délecte Yves Mugny. Parmi les appuis : celui de l’association suisse du personnel de laboratoire LABMEB, qui a tenu à rappeler les changements intervenus dans le travail de laborantin. « Notre profession a rapidement évolué ces dernières années, notamment en intensification. De la qualité de notre analyse dépend la vie des patients. Nous n’avons pas de droit à l’erreur », explique ainsi sa représentante, Sonia Dadoucha qui tient aussi à préciser que la profession respecte un code éthique. Présidente nationale du syndicat SSP, la Zurichoise Katharina Prelicz-Huber qui s’est déplacée à Genève se félicite aussi que les grévistes persistent dans leur action et que perdure la solidarité entre les deux catégories de personnel. « Dans les cantons de Berne ou de Zurich, le personnel a obtenu des revalorisations de salaire », a-t-elle encore rappelé, en apportant le soutien du SSP national et celui des laborantins de l’hôpital cantonal de Zurich. « 83 médecins et responsables de labo des HUG nous soutiennent aussi. Ils demandent que le Conseil d’Etat négocie rapidement », souligne David Andenmatten, président du SSP pour la région de Genève. Le gréviste-syndicaliste vient d’ailleurs d’être convoqué pour un entretien de service. « Il s’agit d’une procédure préalable aux mesures disciplinaires. Les HUG viennent de franchir la ligne rouge », explique le syndicat.

L’ouverture de négociations est aussi réclamée par le PS, solidaritéS et le PdT. Ce dernier exige que le Conseil d’Etat réponde aux demandes des grévistes. Il dénonce aussi les allégations diffamatoires du gouvernement et de la direction des HUG « visant à discréditer les grévistes aux yeux de la population genevoise ». Rappelons que la direction avait menacé de déposer plainte pénale contre des laborantins « pour mise en danger de la vie d’autrui » au service de la maternité. « Un coup d’intox pour nous faire du tort. Nous avons toujours assuré un service minimum », explique une laborantine.