La gauche s’inquiète du durcissement des conditions d’accès au secondaire 2.
De nouvelles conditions d’admission en filières à plein-temps du secondaire II ont fait grand bruit chez de nombreux parents et enseignants. Le groupe PopVertsSol a présenté une interpellation au Conseil d’Etat pour préciser sa position et poser quelques questions.
Dans le développement, le popiste Théo Bregnard admet que, pour entrer dans les nouvelles formations de maturité professionnelle, un minimum d’exigences soit demandé. Cependant y a-t-il une volonté de privilégier un b.a.-ba de compétences pour accéder aux différentes maturités, principe avec lequel l’intervenant est d’accord, ou s’agit-il d’un nouveau numerus clausus à la fin de la scolarité obligatoire ? En effet, le document dit que « les admissions sont limitées par le nombre de places disponibles ». Cette phrase permet de supposer que les nouvelles exigences n’ont pour seule raison d’être que de faire des économies.
Une autre mesure inquiète les députés du groupe. Il est dit que les conditions nécessaires à l’entrée en maturité doivent être atteintes « à la fin du premier semestre de 9e année ». Dès lors, qu’entend faire le Conseil d’Etat avec les élèves qui se seraient investis et qui auraient progressé afin d’obtenir ces fameux 18 points à la fin de l’année ? questionne Théo Bregnard. Et il propose au Conseil d’Etat de revoir ces conditions d’entrée afin de permettre à ce type d’élèves d’accéder aux filières susmentionnées. Car, sans cela, les jeunes pourraient se dire « à quoi bon travailler vu que ma progression ne sera de toute façon pas reconnue ! »
Les interpellants s’inquiètent également sur la méthode d’information puisque ces mesures n’étaient pas connues des élèves et de leurs parents avant la rentrée scolaire 2010. Ils suggèrent alors au Conseil d’Etat d’assouplir ces règles pour cette première année.
Dans le même ordre d’idée, le député souhaite que le Conseil d’Etat soutienne davantage les élèves de la section Préprofessionnelle qui, pour des raisons de programme – donc indépendamment de leur volonté – n’ont pas pu suivre des cours d’anglais et doivent « acquérir, par leurs propres moyens, des connaissances de base en anglais ».
Par ailleurs, d’après un petit calcul sommaire, le Chaux-de-fonnier estime que la diminution des classes de diplômes à plein-temps poussera une centaine de jeunes de plus qu’aujourd’hui, voire davantage, vers la formation duale. En conséquence, il demande au Conseil d’Etat d’assurer qu’il a entrepris les démarches annoncées pour favoriser l’augmentation du nombre de places d’apprentissages et de stages disponibles. Sans cela, il craint que les nouvelles mesures ne fassent gonfler inutilement les classes d’orientation et de raccordement, voire de laisser de plus en plus de jeunes sans solution au terme de leur scolarité.
Le député en conclut que ces nouvelles mesures pourraient renforcer le fait que des élèves sortant de section de Maturités prennent la place d’élèves de Moderne, qui eux-mêmes entrent en concurrence avec ceux de Préprofessionnelle. Un cercle vicieux qui conduit les personnes en difficulté à se retrouver sur le carreau et qui finissent par voie rapide à émarger aux services sociaux.
L’harmonisation des bourses d’étude en bonne voie
Derrière la question des bourses se joue, comme chacun le sait, toute la question de l’accessibilité au système de formation. Thé Bregnard, très en verve, rappelle « que la formation joue non seulement un rôle fondamental d’ascenseur et d’intégration social, gage d’une certaine qualité de vie, mais aussi une excellente assurance vie contre la pauvreté et le chômage ». Dès lors, l’accessibilité à une formation pour l’ensemble des jeunes représente une des responsabilités premières de l’Etat.
Si l’on connaît les limites du principe d’égalité des chances « cela ne signifie pas pour autant que nous devons abandonner toute volonté de corriger le système, notamment d’un point de vue financier », affirme le député. Car il est « le seul sur lequel nous avons vraiment prise ». Et Théo Bregnard condamne la politique actuelle, qui diminue d’un quart le montant global versé par les cantons depuis 1993 alors que la durée des études s’allonge et que le nombre d’étudiants augmente.
Ces premières considérations exprimées, le Chaux-de-fonnier se réjouit du rapprochement opéré entre les cantons afin de favoriser une certaine égalité.
Il constate que cette réforme permet à une bourse complète de passer de 13’000 à 16’000 francs ce qui est un progrès, certes, mais qui ne représente que le montant minimum prévu par l’accord. Il cite l’UNES, qui rappelait récemment qu’un cinquième des étudiants qui abandonnent leurs études évoquent des problèmes financiers.
Une situation que pourrait s’aggraver sachant que la mise en place des accords de Bologne multiplie les plans d’études dits « denses », ce qui diminue drastiquement la marge de manœuvre des étudiants. « Les inégalités sociales et financières ont dès lors encore de beaux jours devant elles et l’harmonisation n’apportera de ce point de vue que peu de réponses », conclu l’intervenant en exprimant le feu vert du groupe sur cet accord.