Celui qui marche est debout

la chaux-de-fonds • Durant le mois de juin, des chômeurs de la métropole horlogère ont défilé autour de la Grande Fontaine.

Durant le mois de juin, des chômeurs de la métropole horlogère ont défilé autour de la Grande Fontaine.

Tous les vendredis du mois de juin, la Grande Fontaine de La Chaux-de-Fonds a vu défiler autour d’elle des membres et amis de l’Association pour la défense des chômeurs (ADC). Chaque semaine, entre 17h30 et 18h, 40 à 60 personnes se sont retrouvées dans ce lieu emblématique de la ville. Le but de cette « cacophonie », comme elle était appelée, était d’enclencher la campagne contre la quatrième révision de la Loi sur l’assurance chômage (LACI). Après une récolte de signatures efficace, dans laquelle les popistes se sont distingués, le groupe de travail de l’ADC a estimé qu’il était important de débuter la campagne avant les vacances pour que le message s’inscrive dans les esprits. Il fallait surmonter le piège représenté par les matchs de la Coupe du monde de football ainsi que par les différents spectacles de cette période.
« Il y a une symbolique avec l’eau qui coule de la fontaine. L’argent coule à flot, mais pas pour les chômeurs ni pour les pauvres. La quatrième révision est une douche froide pour les gens », explique Nicole de l’ADC.

Cette jeune sans-emploi de 33 ans nous a raconté son histoire. A la suite d’un licenciement, elle s’inscrit au chômage en octobre 2007. Employée de commerce, elle ajoute à ses qualifications, en juin 2008, une formation d’opératrice en horlogerie financée par le chômage. En novembre 2008, elle est convoquée pour un entretien dans une entreprise horlogère de la région. Malheureusement, au même moment, arrive la crise. Les entreprises n’engagent plus. De novembre 2008 à novembre 2009, il n’y a pas d’offres d’emploi dans cette branche de l’industrie. Elle devient alors bénévole à l’ADC, puis est engagée dans l’association avec l’aide des mesures de crise.

Nicole n’a pas été autorisée à se présenter aux examens pour le deuxième module de sa formation d’opératrice en horlogerie. Elle a été informée oralement par son conseiller et, en raison de la méconnaissance du système, elle n’a pas réagi de manière adéquate pour s’informer des raisons invoquées. L’examen coûte 500 francs et Nicole pense que la raison se trouve dans les économies que l’Etat fait partout. Probablement que la réussite de ces examens lui aurait facilité ses recherches alors qu’il y a des milliers de demandeurs d’emploi.

« Avant j’étais travailleuse pauvre, maintenant je suis chômeuse pauvre », dit-elle avec amertume. En plus, chômer est une honte car l’inactivité est interprétée comme de la fainéantise, le productivisme constituant une valeur essentielle de notre société.

Pour Nicole, l’action autour de la fontaine lui a permis de manifester sa colère contre la mauvaise gestion de l’assurance chômage. « Il y a 10 ans, les cotisations ont baissé et cela a permis aux riches de moins verser à l’assurance en faisant des économies importantes, ce qui n’a pas été le cas pour les travailleurs. Aujourd’hui, on voit un service public qui se dégrade et une augmentation de la précarité pour les personnes qui tombent en situation de chômage », conclut-elle.

Heureusement, le référendum a abouti.