Les députés votent, les citoyens paient

Le budget 2010 occasionnera un transfert de charges des services publics vers les citoyens.

Le budget 2010 occasionnera un transfert de charges des services publics vers les citoyens.

Après beaucoup de gesticulation en plénum et en coulisse, des députés de « bonne volonté » ont trouvé les compromis nécessaires pour que le budget 2010 soit voté, selon la presse neuchâteloise.

Pour équilibrer les finances publiques, l’idéologie dominante n’est capable que d’imposer des réductions. Baisse des prestations de l’école, de la santé et du social, fusion des communes, concentration des services et application du frein aux dépenses, divers secteurs touchés par ces décisions votées sans réflexion démocratique.

Quelle société voulons-nous ?

Le frein aux dépenses de l’Etat ainsi que sa restructuration consistent à réduire des prestations et à en reporter les coûts. Par exemple, la concentration de la HEArc, le déplacement de l’école d’ingénieur du Locle vers Neuchâtel ou encore le futur centre mère-enfant qui se concentrera dans l’une des deux grandes villes du canton. Or, chaque concentration de services et d’institutions occasionne des réductions de postes, puisque le but de toutes ces opérations est d’économiser. Autrement dit, chaque suppression de poste augmente le chômage. Chaque concentration éloigne des services publics de la population. Chaque décision allant dans cette direction occasionne des augmentations de déplacements pour les habitants. Il s’agit d’un transfert de charges qui passent des services publics vers le citoyen.

Des mesures de « solidarité » envers qui ?

De son côté, l’UDC désarticule l’Etat. Elle demande des suppressions de services et des réductions de salaires pour assainir les finances cantonales. Paradoxalement, elle profite de manière opportuniste de l’acceptation du report de certaines charges sur les communes, appelée action de solidarité par les députés de « bonne volonté », pour lancer un référendum contre cette mesure.

Les popistes ne suivent pas cette logique. Ils l’estiment dangereuse. La prétendue « mesure de solidarité » des communes ne peut pas être imposée. Tout changement ne peut se faire que par des négociations. L’Etat, qui ne cesse de faire la leçon auprès des communes sur leur gestion des finances, va leur piquer de l’argent dans les caisses.
Nous observons que ce n’est pas par hasard si pour améliorer les finances publiques, les dirigeants de l’économie et des grands partis à leur dévotion n’envisagent jamais d’action de solidarité auprès de celles et ceux qui possèdent des moyens financiers largement au-dessus de la moyenne. Et la révision de la loi sur la fiscalité des entreprises n’est toujours pas à l’ordre du jour. Il n’est pas question de corriger les exonérations fiscales des entreprises bénéficiaires.

Dans son organe cantonal, le parti libéral-radical écrit qu’« avec le frein aux dépenses en plus, nous ne courons plus le risque d’endetter le canton pour acheter la paix sociale ». Si la paix sociale ne s’achète pas, la pauvreté est une bombe à retardement.

En conclusion, le Parti Ouvrier et Populaire soutient la position de ses députés qui ont refusé la mascarade car il reste convaincu que pour équilibrer une société, il faut passer par une réduction du fossé existant entre les plus riches et les plus pauvres.

Qui sont les députés de « bonne volonté » ? Pour l’avenir social du canton, ce ne sont certainement pas les 66 députés contre 31 ayant accepté le budget 2010.

Des députés voulaient augmenter leur revenu

Si les députés de la majorité libérale-radicale-socialiste ont réussi à faire passer leur budget, au moins ont-ils échoué à s’octroyer une augmentation de leurs indemnités ! Ces parlementaires qui coupent dans les prestations à la population ne désiraient pas moins qu’augmenter de 150% leurs revenus ! Ce qui aurait alourdi les comptes de l’Etat de 1,2 million de francs par an.

Au nom du groupe POP-Verts-Sol, Cédric Dupraz a plaidé l’abandon de ce projet : « Il en va de la solidarité avec l’ensemble des Neuchâtelois. Il en va de la crédibilité du monde politique et de ce parlement. »

Au final, les 69 voix nécessaires à faire passer la loi – soit la majorité qualifiée – n’ont pas été trouvées, l’UDC ralliant la gauche dans son opposition.